Avant de rejoindre l’Eglise catholique, j’ai demandé à un professeur de théologie protestant pourquoi il n’était pas catholique : son humble réponse donne à réfléchir.
Durant mes années d’études au Wheaton College, une faculté évangélique, je me suis mis en tête de rencontrer des professeurs et autres personnalités chrétiennes évangéliques et de leur demander : « Pourquoi n'êtes-vous pas catholique ? ».
Lorsque j’ai posé la question à un professeur de théologie évangélique, j’ai reçu une réponse étonnante: « Parce que je n’ai jamais été invité."
Il a expliqué qu’ayant été élevé dans la religion protestante, tout simplement il avait toujours été protestant et, honnêtement, il ne voyait aucune raison valable de n’être pas catholique.
Si j’ai voulu poser ma question à ce professeur précisément, c’est que j’avais entendu dire par un ami qu’un élève dans un de ses cours de théologie lui avait demandé sur quelle autorité se fondent ceux qui se soumettent à la sola scriptura (ablatif latin signifiant « par l’Ecriture seule ») et ont adhéré à leur canon biblique, et qu’il avait répondu: « Tout le monde a entendu cela ? Il vient de nous couper l'herbe sous les pieds » Apparemment, c’était la fin du cours et le temps n’était plus à la discussion.
Trois choses m’ont frappé dans sa réponse: premièrement, il n’invoquait aucune raison valable pour ne pas être catholique ; deuxièmement, l’humilité et l’honnêteté de sa réponse; et troisièmement, sa mise en cause des catholiques : il n’avait jamais été invité à l’église.
Notre conversation se prolongeant, la question de l’autorité de l’Eglise est venue sur le tapis, et il a expliqué qu’il admettait les premiers Conciles de l’Eglise, tel que le Concile de Nicée, et qu’il voulait bien croire qu’ils ont eu réellement une autorité, qu’ils ont effectivement réglé quelque chose.
« Mais si vous acceptez Nicée, pourquoi pas Trente ? » lui ai-je demandé.
Il marqua un temps d’arrêt. « Bonne question. Je n'ai pas vraiment une bonne raison. Si j’accepte Nicée pourquoi pas Trente? »
Je suis resté abasourdi, à tout le moins par sa transparence totale alors qu’il parlait à un étudiant de ces questions fondamentales. Pour autant, il n’était certes pas sur le point de rejoindre l’Eglise catholique. Mais il était ici un professeur d’Ecriture sainte/théologie dans ce que le TIME magazine appelait “la “Harvard des facultés évangéliques”, un lieu qui n’admet pas de catholiques dans son personnel, et il reconnaissait que le fait pour lui de croire aux premiers Conciles impliquait, apparemment, qu’il devrait accepter tous les conciles de l’Eglise, y compris celui qui a condamné les doctrines protestantes fondamentales.
Puisque, avait-il dit, il admettait le Concile de Nicée et les autres premiers conciles, je lui ai demandé ce qu’il faisait de la ligne dans le Credo de Nicée-Constantinople : « Je crois en l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique ». Il m’a répondu que le mot 'catholique' n’était pas utilisé comme nom propre dans la première Eglise. A quoi je lui ai rétorqué qu’il l’était maintenant et l’ai renvoyé sur son ordinateur pour relire Contre l’Epître fondamentale de Manichaeus de saint Augustin, dans laquelle celui-ci parle de l’Eglise catholique comme d’une Eglise particulière séparée des autres groupes de personnes qui se disent chrétiens (chapitre 4). Il m’a dit qu’il n’avait jamais vu cela.
Nous nous sommes serré la main et avons mis fin à la conversation.
Traduit de l'anglais par Elisabeth de Lavigne. Texte original dans l'édition américaine de Aleteia : Because I've Never Been Invited