L'expérience montre que la prière conjugale, comme la prière familiale, présente quelques difficultés : le temps à réserver pour cela, le contenu de la prière, le dépassement des conformismes et de la routine, la réserve personnelle de chacun quant à l'expression de sa relation au Seigneur... L'erreur serait de croire que ces difficultés sont insurmontables... Prier personnellement, cela s'apprend, prier ensemble, cela s'apprend aussi ! Nos dispositions au départ doivent être simples. Il faut faire totalement confiance au Seigneur, s'il veut cette prière en commun, il en donnera les moyens. Il ne nous demande que notre bonne volonté et notre persévérance à faire cet apprentissage.
Par où commencer la prière conjugale ?
Se réserver dix minutes au moins, pas trop tard le soir, après le coucher des enfants, un moment où on ne risque pas d'être dérangés. Commencer par se tenir l'un à côté de l'autre, silencieusement, dans l'attitude corporelle qui convient à chacun... et qui n'est pas forcément la même ! Se recueillir, tourner son cœur vers le Seigneur... Invoquer l'Esprit saint : « Viens Esprit saint, viens, prie en moi ». On peut très bien se contenter de cette prière silencieuse pendant une longue période d'apprentissage où l'on s'habitue simplement à rester ensemble devant le Seigneur. On peut terminer par un Notre Père et un Je vous salue Marie, priés très lentement.
Si nous acceptons de passer par cet état premier de pauvreté, nous constaterons que l'Esprit saint nous fera peu à peu exprimer quelques paroles intérieures : action de grâce, demandes, etc. Nous pouvons alors les exprimer brièvement à haute voix, pour les faire partager à notre conjoint, mais il faut de la mesure. Le partage de la prière à haute voix « rompt la glace », enrichit la prière, fait grandir la communion, on s'édifie mutuellement... Mais attention au bavardage !
II est également possible de débuter la prière partagée par l'action de grâce et la louange. On peut aussi faciliter ce partage de la prière en utilisant un psaume. Il faut apprendre à connaître et à utiliser les psaumes, car c'est prier Dieu avec les paroles que Dieu lui-même nous a données et que Jésus a utilisées pour sa propre prière. La prière peut se poursuivre en confiant au Seigneur quelques intentions personnelles, où les joies et les soucis familiaux, la vie des communautés humaines et chrétiennes auxquelles nous appartenons, les grandes intentions de l'Église universelle trouveront leur place. Un livre comme Le psautiers des époux (édition Magnificat) (en anglais et français) sera un outil très précieux.
Prier en couple pour mieux se comprendre
La clé de la prière, c'est de bien commencer ! Recueillement, effort de silence extérieur et intérieur, adoration du cœur… si on commence bien, le reste suit, si on reste simple, si on se laisse conduire par l'Esprit saint. Il ne faut pas trop se soucier des « distractions » impossibles à éviter totalement. D'ailleurs il ne faut pas juger sa prière... Une « bonne prière » est celle qui est faite chaque jour, celle dont on sort détendu, pacifié, réconforté, avec plus de confiance, d'espérance et d'amour.
Ce temps de prière ensemble rapproche les époux, efface les petits heurts quotidiens, harmonise les pensées et les désirs. Il peut aussi aider à reprendre un dialogue régulier entre les conjoint. L’absence de dialogue, parce qu’on n’en prend pas le temps, est une des causes les plus fréquentes des perturbations de la vie conjugale.
Jean-Régis Fropo