Dans le Nouveau Testament, les lettres de Paul sont la partie où les références au monde du sport sont les plus nombreuses. L'apôtre aime comparer la vie chrétienne à l'entraînement à la compétition des athlètes. Sans doute parce qu'au temps où il écrit ses lettres, saint Paul enseigne le message du Christ à des populations de langue et de culture grecques, que lui-même connaît parfaitement. La culture hellénique, dans l'Antiquité, chérit le sport et pousse à l'admiration des athlètes. Les Grecs sont férus de grandes compétitions sportives qui rassemblent toutes les cités pour s'affronter dans les stades. Il y a bien sûr les jeux olympiques, organisés dans la cité d'Olympie. On sait que saint Paul n'a pas pu y assister, puisqu'il ne s'est jamais rendu dans cette partie de la Grèce. Mais il y avait d'autres jeux organisés au cours des années "creuses", c'est-à-dire sans jeux olympiques.
Les jeux de Corinthe
Corinthe avait aussi ses grandes épreuves sportives : les jeux isthmiques, appelés ainsi en raison de la situation géographique de la cité. Saint Paul connaît bien la ville pour s'y être arrêté au cours de ses deuxième et troisième voyages. Il y est sans doute resté plusieurs années, hébergé par un couple de chrétiens, Priscille et Aquila. Certains spécialistes de l'histoire ancienne jugent probable qu'il ait pu se trouver à Corinthe au même moment que les jeux. "Il est probable que l’apôtre, tout comme il désirait être à Jérusalem pendant les fêtes hébraïques, prêchait volontiers l’Évangile à une époque où un si vaste rassemblement se réunissait à l’isthme", mentionne le géologue William Conybeare dans une biographie de saint Paul publiée au XIXe siècle.
Des métaphores sportives dans ses lettres
Ce n'est sans doute pas pour rien que les lettres aux Corinthiens sont celles qui contiennent le plus grand nombre de métaphores sportives. La course, la lutte, le combat et la victoire sont des thèmes récurrents par lesquels Paul exprime autant sa vision de l'Evangile que sa volonté de transmettre le message du Christ de la façon la plus intelligible à ceux qui l'entendent. Peut-être a-t-il assisté à diverses compétitions, telles que les courses de chars, le lancer de javelot, le saut en longueur, les courses à pied et la lutte. Avec certitude, il connaissait la récompense promise au grand vainqueur, une couronne de feuillage. "Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas", écrit-il. (1 Co 9, 25).
Le vainqueur des jeux isthmiques recevaient en fait une couronne de pin et non de laurier, ce que d'autres traductions de la lettre ont retenu en évoquant plutôt une "couronne périssable". Paul est convaincu que pour aller au Ciel, le chrétien doit exercer les mêmes qualités qui sont indispensables à un athlète pour remporter la victoire. Aux deux, il faut la persévérance, la ténacité, le courage et la rage de vaincre. Comme la vie d'un athlète, celle du chrétien est faite d'efforts et de combats. Mais c'est au second que la plus glorieuse récompense est promise. "J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi", écrit Paul à Timothée au terme de sa vie. On ne peut pas prouver que Paul a bel et bien assisté aux jeux isthmiques de Corinthe. Mais il a su mieux que personne faire du sport un moyen excellent d'évangéliser ses contemporains. A nous de saisir le témoin.