"Non seulement je peux affirmer qu’il n’y a pas d’objections doctrinales, morales ou autres à cet événement spirituel, […] mais qu’au contraire la dévotion dans ce cas, déjà florissante, est particulièrement recommandée à ceux qui veulent librement y adhérer." C’est par ces mots adressés par le cardinal Fernandez, préfète du dicastère pour la Doctrine de la foi, à l’archevêque de Bourges, le 30 août que le Saint-Siège a donné son nihil obstat aux apparitions de la Vierge Marie à Estelle Faguette en 1876 à Pellevoisin (Indre). "Tous y trouveront un chemin de simplicité spirituelle, de confiance et d’amour, susceptible de vous faire beaucoup de bien. Ce sera assurément un bien pour toute l’Église." Cette reconnaissance, le recteur du sanctuaire de Pellevoisin, le frère Laurent Flichy, s’en réjouit. "Je suis profondément heureux que ce sanctuaire puisse continuer de rayonner !", confie-t-il à Aleteia.
Aleteia : Ce nihil obstat est-il une surprise pour vous ?
Frère Laurent Flichy : La commission pluridisciplinaire nommée par l’archevêque de Bourges en 2022 a fourni un travail remarquable et monté un dossier complet. L’ensemble des membres ayant voté en décembre dernier à l’unanimité on s’attendait à ce que l’issue soit favorable. La surprise est surtout venue de la rapidité des institutions romaines ! Je n’ai pas d’intérêt personnel dans ce sanctuaire, je suis le serviteur d’un lieu qui m’a été confié par l’archevêque. Mais je suis profondément heureux qu’il puisse continuer de rayonner. Je ne connaissais pas vraiment Pellevoisin avant d’arriver et je dois dire que j’avais une légère appréhension sur une dévotion un peu désuète. Je regardais cela de loin mais en arrivant ici ça a été une grosse claque. J’ai découvert que le chemin qu’a fait parcourir la Vierge Marie à Estelle Faguette est d’une actualité incroyable. Ce chemin est très emblématique de ce qu’un chrétien est aujourd’hui invité à vivre. Estelle Faguette a reçu la visite de Marie après la Révolution française, sous un gouvernement anticlérical… l’époque était difficile et elle-même a vécu beaucoup de situations personnelles douloureuse. Mais conduite par Marie, elle termine sa vie en la remerciant. C’est ça le chemin de Pellevoisin : se placer sous la protection de Marie, mettre sa main dans la sienne et avancer. Son dernier ex-voto, déposé par Estelle Faguette à 83 ans à l’embrasure de la fenêtre de la chapelle contient cette phrase : "Merci Bonne Mère pour ma vieillesse heureuse." Que souhaiter d’autre à chaque chrétien ? C’est un incroyable message d’espérance que cette reconnaissance du Saint-Siège va contribuer, j’espère, à faire connaître.
Cela va-t-il changer quelque chose concrètement pour le sanctuaire ?
Il est certain que plus de personnes vont s’intéresser au sanctuaire de Pellevoisin ! Nous allons donc prendre les mesures nécessaires pour nous rendre encore plus disponibles pour les pèlerins et former des équipes capables de les accueillir au mieux. Ce que ce nihil obstat change surtout, c’est qu’il ouvre la voie au procès en béatification d’Estelle Faguette. Le chemin qu’elle a parcouru est bien un chemin de sainteté. Estelle Faguette a accueilli la conduite de la Vierge Marie avec simplicité et foi. Quand on y réfléchit, les cinq manifestations de la Vierge Marie en France au XIXe sont une épiphanie en cinq actes. Les cinq lieux d’apparitions sont liés les uns aux autres. À Pellevoisin, la Vierge Marie termine ce parcours avec le scapulaire qui, comme la robe de baptême, est une protection et une mission. Dans le rite du baptême, nous revêtons symboliquement un vêtement blanc. Ce vêtement est le signe de la mission que nous recevons. Le nihil obstat reçu par le sanctuaire nous encourage à faire connaître encore mieux ce scapulaire et l’intérêt de le revêtir.
Le message qui nous est ici envoyé est que la Providence ne nous abandonne pas. Elle ne nous abandonne jamais.
Quel message le nihil obstat du Saint-Siège concernant la dévotion mariale de Pellevoisin envoie-t-il ?
Le monde dans lequel nous vivons est un monde en changement constant. Ce changement s’accompagne bien souvent d’incertitudes et il peut parfois, comme c’est le cas aujourd’hui en France, être anxiogène. Le message qui nous est ici envoyé est que la Providence ne nous abandonne pas. Elle ne nous abandonne jamais. Avec Pellevoisin, l’Église encourage les fidèles à se mettre à l’écoute de Marie qui a beaucoup de choses à nous apprendre à ce niveau-là. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20) nous dit le Christ. Et bien à Pellevoisin comme dans d’autres lieux dans le monde, il nous envoie sa mère bien-aimée pour nous le rappeler. ""
