Plus de 1,3 million de morts. De ce camp d'extermination, presque aucun n'a survécu. Au milieu de l'horreur d'Auschwitz, certains détenus ont essayé de garder comme ils le pouvaient un lien infime avec la vie. Des chercheurs du musée d'Auschwitz ont ainsi découvert, lors de fouilles d'un des baraquements en mars 2024, un jeu d'échecs. Caché sous le plancher du bloc 8, le jeu comporte 30 pièces, dessinées à la main sur de petits carrés de carton. Tours, pions, fous, cavaliers... Le jeu met en lumière une nouvelle tentative ultime des prisonniers de conserver un semblant de normalité malgré leurs atroces conditions de vie.
Jeux de cartes, échecs, plateaux...
"Certains dessins peuvent être un peu flous", a expliqué Elzbieta Cajzer, directrice du musée, "mais les images des tours, des pions, des fous et des cavaliers sont toujours facilement distinguables." Le jeu d'échecs incomplet a été soigneusement conservé et fera désormais partie de l'exposition permanente du musée. Selon Elzbieta Cajzer, les pièces d'échecs ont été conçues pour être rapidement cachées, car de tels objets de loisir étaient strictement interdits dans le camp.
"Les prisonniers considéraient les activités mentales comme un répit face à la dure réalité du camp. Les objets nécessaires aux jeux étaient le plus souvent fabriqués illégalement par ces prisonniers", poursuit ainsi Elzbieta Cajzer. Ce n'est pas la première fois que l'on retrouve des traces de jeux de société dans les camps. La collection du musée d'Auschwitz comprend déjà deux ensembles de pièces d'échecs miniatures en bois, des plateaux de jeu dessinés à la main et des cartes à jouer en carton découvertes lors de travaux comparables dans un autre bâtiment.
Auschwitz-Birkenau est le camp d'extermination nazi le plus meurtrier. Sur les millions de morts, 90% étaient Juifs. Seules 7.000 personnes purent en sortir vivantes, délivrées lors de l'arrivée de l'Armée rouge, le 27 janvier 1945. C'est ici que mourut notamment saint Maximilien Kolbe, après deux semaines sans manger.