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Ukraine : un front figé, une diplomatie active

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Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, a rencontré le président ukrainien Zelensky le 23 juillet 2024.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 25/07/24
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Si le front militaire est figé en Ukraine, le front diplomatique s’active. Visites inédites, propositions de sommet de paix, annonces publiques : à Pékin ou depuis Rome, les prochaines semaines vont être décisives, annonce le géopoliticien Jean-Baptiste Noé.

Sur le front militaire russo-ukrainien, les évolutions sont faibles. La Russie grignote tant bien que mal les villages de l’Est, parvenant à en occuper quelques-uns sans que cela bouleverse l’équilibre des forces. Les troupes ukrainiennes résistent depuis le début de l’année, aidées par les aides financières et militaires de leurs alliés, notamment américains. Si les espoirs de reprise du territoire contrôlé par les Russes se sont envolés, les craintes d’une percée de Moscou semblent s’éloigner. 

Mais c’est sur le front diplomatique que les choses s’accélèrent. La semaine dernière, le président ukrainien se disait prêt à participer à un sommet de paix avec la participation de la Russie, ce qui serait une grande première. Il définissait trois axes de discussions possibles, comprenant l’énergie, la navigation en mer Noire, les échanges de prisonniers. Cette semaine, c’est le ministre des Affaires étrangères ukrainien qui s’est rendu en Chine, pour la première fois depuis le début du conflit. 

La route de Pékin

Soutien indéfectible de la Russie, tout en continuant de parler avec les Occidentaux, la Chine est la pièce maîtresse du conflit russo-ukrainien. Les alliés de l’Ukraine sont convaincus, depuis le début de l’invasion en février 2022, que si Pékin fait pression sur Moscou, la Russie s’exécutera. D’où de nombreuses visites des diplomates européens en Chine, ainsi que les tentatives d’Emmanuel Macron pour tenter de raisonner Xi Jinping. Si jusqu’à présent cela n’a pas vraiment abouti, un nouveau chapitre d’envergure s’est ouvert cette semaine avec la visite inédite de Dmytro Kouleba, ministre des Affaires étrangères d’Ukraine, auprès de la diplomatie chinoise. 

La visite a débuté le mardi 23 juillet et doit durer jusqu’au vendredi 26. Au programme : discussion sur des solutions diplomatiques à cette guerre et rôle de Pékin pour trouver une issue au conflit. Non seulement c’est la première visite du chef de la diplomatie ukrainienne en Chine, mais celle-ci se réalise quelques jours à peine après le sommet de l’OTAN à Washington où le texte final relevait des propos vifs et directs contre la Chine et son soutien apporté à la Russie. Preuve que le fossé creusé entre les délégations ukrainiennes et chinoises à l’occasion de ce sommet n’est pas définitif et que les diplomates savent passer outre les déclarations vindicatives.

Un intérêt bien compris

À Pékin, Dmytro Kouleba discutera du sommet sur la paix annoncée par le président Zelensky, peut-être pour demander aux Chinois de convaincre les Russes d’y participer, peut-être aussi pour les y inviter. Ce qui serait la reconnaissance officielle de la puissance diplomatique chinoise qui, pour la première fois de son histoire, intervient directement dans les affaires européennes. 

La Chine a aussi intérêt à mettre un terme à ce conflit qui devient coûteux pour ses intérêts, d’autant plus que de nombreuses entreprises chinoises possèdent des terres et des intérêts capitalistiques en Ukraine. Les grands groupes chinois ont tout autant investi en Ukraine qu’en Russie et donc, en suivant leurs propres intérêts, il est bon pour eux que le conflit cesse.   

Les petits pas de Rome

La diplomatie vaticane continue elle aussi de s’activer. Vendredi 19 juillet, le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, s’est rendu en Ukraine pour une visite de cinq jours. Un long séjour, au cours duquel il a rencontré de nombreuses personnalités politiques et religieuses, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky. C’est la première fois qu’il se rend en Ukraine depuis le début de la guerre, preuve là aussi que le front diplomatique s’active. Il s’est rendu à Lviv, la principale ville catholique d’Ukraine, puis à Odessa, port stratégique de la mer Noire. Cette initiative diplomatique a permis d’aboutir à quelques résultats concrets. L’Avvenire, le journal des évêques italiens, a ainsi évoqué la libération de 400 enfants ukrainiens qui avaient été emportés en Russie. Des prêtres gréco-catholiques, prisonniers côté russe, ont également été libérés. Le Saint-Siège se concentre ainsi sur des missions humanitaires, adoptant la politique des petits pas pour parvenir à des résultats concrets.

L’autre objectif de la visite du cardinal Parolin en Ukraine est de rassurer les fidèles catholiques sur l’engagement du pape à leurs côtés alors que plusieurs de ses interventions ont été interprétées comme un soutien à Moscou (notamment lorsqu’il a évoqué l’OTAN qui "aboie aux portes de la Russie"). Soucieux de ne pas laisser croire que le Saint-Siège penche pour un camp ou un autre, le cardinal Parolin souhaitait, au cours de cette visite de près d’une semaine, montrer que le seul objectif du Saint-Siège est de contribuer à faire advenir une paix juste et durable.

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