Connue pour ses rôles dans Annie, la reine du cirque (1950) et Sous le plus grand chapiteau du monde (1952), Betty Hutton débute à Hollywood en 1941, où elle conquiert rapidement le monde du cinéma. C’est A.C. Lyles, jeune agent de presse et future légende des studios Paramount, qui doit la présenter aux studios. Grâce à ses talents et à son énergie débordante, la jeune femme réussit à se faire remarquer et est choisie pour ouvrir un spectacle au Shrine Auditorium de Los Angeles. Inconnue jusque-là, elle parvient à captiver le public, marquant ainsi le début d’une carrière fulgurante. Après cet événement, Betty Hutton décroche rapidement des rôles dans de nombreux autres films et devient également une chanteuse très appréciée, notamment grâce à son interprétation pleine de vie de Arthur Murray Taught Me Dancing in a Hurry qui cartonne à l’écran. Une star est née. Mais à côté de ses "immenses talents" raconte Lyles, d’importants « tourments » la font souffrir.
Une vie de gloire et de douleur
Depuis sa tendre enfance, Betty Hutton vit de grandes souffrances. Alors qu’elle n’a que deux ans, son père abandonne sa famille, et sa mère, alcoolique, travaille dans un bar clandestin du Michigan. Dans les moments où la situation devient trop compliquée, la petite Betty court se réfugier à l’école catholique voisine, comme elle le raconte elle-même : "Je ne connaissais pas Dieu. Ma mère était athée. Les religieuses étaient juste en face de nous. Parfois, je devais fuir des situations brutales et alors elles me cachaient dans leurs jupes. Je n'étais pas catholique et les non-catholiques n'avaient pas le droit d’aller à l'école catholique. Mais elles m’emmenaient avec elles et m’enseignaient le catéchisme. C’est ainsi que j’ai appris à connaître Dieu."
Cependant, en arrivant à Hollywood, elle commence à s’éloigner de la foi et rencontre des difficultés. Malgré le succès, Betty souffre de troubles bipolaires, et traverse plusieurs divorces. Après quelques années de carrière, elle fait des choix professionnels désastreux, comme la rupture de son contrat avec Paramount en 1952, pour travailler à la place avec son mari. Une décision qui s’avère délétère, marquant brusquement la fin de son succès. Comme l’explique Lyles, "les portes des studios se sont fermées définitivement et elle ne s'en est jamais remise". À partir de ce moment, Betty participe à des émissions télévisées, mais ne retrouve plus le succès qu’elle a connu.
Pendant toute sa vie, à cause du manque d’affection paternelle et maternelle, Betty Hutton est en quête d’amour et de reconnaissance, qu’elle trouve souvent auprès de son public. Mais quand le rideau tombe et que les applaudissements cessent, elle ressent un vide terrible. Blessée émotionnellement, Betty Hutton sombre dans la dépendance aux médicaments. En 1973, elle finit par s’effondrer sur scène et doit suivre une cure de désintoxication.
Un prêtre qui sauve des vies
C’est alors qu’un évènement miraculeux se produit. Lors de son hospitalisation, Betty rencontre le père Peter Maguire, un prêtre ayant un don et une vocation pour aider les personnes à surmonter leurs dépendances. Au contact de ce saint prêtre, Betty sent qu'il peut sauver aussi sa vie, ce qui arrive effectivement. Pendant sa convalescence, elle commence également un chemin de guérison spirituelle, toujours accompagnée de ce prêtre, et comprend que "le Christ est dans son cœur". Betty devient catholique et trouve la paix et la guérison qu’elle recherchait depuis longtemps. Elle découvre aussi la figure maternelle de la Vierge Marie et prend l’habitude de porter toujours avec elle un chapelet : "Je ne vais nulle part sans mon chapelet, parce que je sais que j’ai peur intérieurement." Après la mort du père Maguire en 1997, qui l’a aidée à retrouver Dieu, Betty Hutton déménage à Palms Springs en Californie, pour se rapprocher de ses enfants. Elle décède en 2007, laissant derrière elle un témoignage étonnant de foi. Sa vie rappelle les mots de Saint Paul : “Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort” (2Co 12, 10), puisqu’à travers cette même faiblesse, on peut rencontrer Dieu.