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La hausse des confirmations d’adultes, un autre signe des temps

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Une soixantaine d'adultes ont été confirmés dans le diocèse de Bayeux-Lisieux début mai 2024.

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Agnès Pinard Legry - publié le 17/05/24
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Les catholiques recevant la confirmation à l’âge adulte sont chaque année plus nombreux en France. Discret, ce phénomène témoigne pourtant d’une quête de sens, un désir de découvrir ou d’approfondir une foi laissée parfois longtemps de côté.

À mesure que la date approche, Isabelle ne cache pas sa joie. Une joie sereine, douce et profonde. Ce samedi, la jeune femme de 32 ans va recevoir le sacrement de la confirmation en l’église Saint-Sulpice, à Paris. "Durant cette année de préparation, j’ai énormément reçu, j’ai été disciple", confie-t-elle volontiers. "À mon tour, ce samedi, je vais devenir témoin. C’est incroyable." La confirmation est l’un des trois sacrements de l’initiation chrétienne avec le baptême et l’eucharistie. Ce sacrement "fait croître la vie de Dieu chez le baptisé pour qu’elle se déploie au-delà de lui", précise l’Église catholique. C’est à la fois un sacrement de croissance au plus profond de soi-même mais aussi de force pour aller au-delà de soi-même.

Essentielle dans la vie d’un baptisé, la confirmation passe souvent au deuxième ou au troisième plan derrière le baptême et la première communion. Désintérêt, manque de temps… nombre de chrétiens ne l’ont pas reçu à l’adolescence, moment où ce sacrement est traditionnellement donné. Mais la tendance pourrait bien s’inverser, comme en témoigne le nombre de confirmations d’adultes cette année. "Les chiffres collectés sont malheureusement moins précis que ceux des baptêmes", reconnaît volontiers la Conférence des évêques de France (CEF). "Cependant, on sait qu’en 2023, sur les 80% de diocèses ayant répondu à notre enquête, 6.386 adultes baptisés dans l’enfance ou adolescents ont été confirmés." Les années précédentes, de 2020 à 2022, la CEF estime qu’ils étaient environ 4.400 adultes à avoir reçu la confirmation chaque année. Entre 2019 et 2023, la CEF avance une hausse de 18% du nombre de confirmés adultes. Et la tendance semble bien partie pour durer : "Les échos que nous avons des diocèses confirment cette tendance et laissent même présager une très forte augmentation cette année", confie encore la CEF.

CONFIRMATION
Le sacrement de la confirmation est parfois administré à l'âge adulte.

Dans le diocèse de Meaux par exemple, Mgr Jean-Yves Nahmias va donner le sacrement de la confirmation à 240 adultes lors de la vigile de Pentecôte ce samedi. "Il y a également une quarantaine d’adultes qui vont le recevoir dans leur paroisse ou en-dehors du diocèse", tient-il à préciser. Il y a trois ans ils n’étaient qu’une centaine, l’année dernière 180. "Peu médiatisés ou mis en avant, ces indices sont pourtant bien réels, de plus en plus d’adultes reviennent à la foi." À Nîmes, 92 adultes vont le recevoir en 2024 contre 58 l'an passé et 49 en 2022. À Paris, ils sont 570 adultes à le recevoir, soit une centaine de plus que l’année dernière. Même constat dans le diocèse de Bayeux-Lisieux : ils sont une soixantaine à avoir reçu le sacrement en 2024. "C'est le double de l’année dernière", se réjouit Anne de Beaupuy, la responsable catéchuménat du diocèse. "Cela va de 18 à 71 ans, avec une moyenne d’âge de 36 ans." Des parcours de vie et des profils bien différents : ceux que l’on appelle désormais "les recommençants" mais aussi des fidèles déjà engagés dans la vie de l’Église qui avait laissé ce sacrement de côté. "Ce qui revient souvent lorsque l’on échange avec eux c’est l’envie, le besoin de donner du sens à sa vie", souligne Anne de Beaupuy.

Je me suis cogné la tête sur tous les murs possibles de la vie et puis un jour j’ai levé la tête. Et je L’ai vu.

Éric, 58 ans, en fait partie. Né dans une famille catholique pratiquante, il a été au catéchisme, à l’aumônerie et a même fait une dizaine d’années de scoutisme. Mais à l’adolescence il ne se sent pas croyant. "Je me sentais contraint d’aller à la messe et j’y allais car je retrouvais mes copains mais on ne pas dire que j’avais la foi", affirme-t-il. "Je trouvais ça sympa mais dès que je suis entré dans la vie active, j’ai arrêté d’aller à la messe. Pendant 25 ans, je n’y ai plus mis les pieds, sauf occasionnellement à la messe de Noël avec ma famille." Cadre supérieur vivant en région parisienne, il est aujourd’hui en reconversion professionnelle pour devenir professeur de maths. Ce samedi, il va recevoir le sacrement de confirmation en la cathédrale de Versailles. Le déclic, c’est en 2017 qu’il l’a eu. Cette année-là, beaucoup de choses s’effondrent dans sa vie. Il se sépare de sa compagne avec qui il a eu une fille et quitte son travail n’y trouvant plus aucun sens. "Je me suis cogné la tête sur tous les murs possibles de la vie", résume-t-il. "Et puis un jour j’ai levé la tête et je L’ai vu." Attention, prévient Éric, "je n’ai pas eu de cœur à cœur avec Jésus, il n’est pas venu me prendre par la main", prévient-il dans un sourire. "Mais alors que j’accompagnais mes parents pour la messe du 26 novembre, fête du Christ Roi, j’ai eu les larmes aux yeux. Une vague d’émotion m’a submergée et en sortant j’ai eu la conviction que mon salut, c’était Jésus."

Isabelle aussi a grandi dans une famille catholique mais non-pratiquante. Baptisée alors qu’elle est bébé, elle fait ensuite sa première communion à l’âge de 9 ans. À l’adolescence pourtant, la jeune fille s’écarte de l’Église, de Dieu. "Je suis progressivement devenue anticléricale", reconnaît-elle. Suivant son chemin de vie, la jeune femme rencontre dans son école d’ingénieur Amaury, catholique pratiquant, qui deviendra son mari. En 2022, ils donnent naissance à une petite fille, Agathe. "J’ai été heureuse de suivre une préparation religieuse au mariage et de faire baptiser notre fille", explique-t-elle. "Lors des différents échanges et temps d’enseignement je me sentais ouverte à la découverte de la parole mais j’avais le sentiment que ce n’était pas pour moi. Le message du Christ me touchait mais je ne me sentais pas croyante, je ne ressentais pas quelque chose de particulier."

Un appel à être missionnaire

Pourtant, comme Éric, elle ressent un jour un appel. "Il y a un an, alors que plus rien ne me contraignait à retourner à la messe ou à réfléchir à ce sujet, j’ai ressenti un appel. C’était quelque chose d’intime et profond. Je me suis dis que je devais creuser cela." Elle se rapproche du curé qui a baptisé sa fille qui lui propose de suivre un parcours de catéchisme pour adulte en l’église Saint-Antoine des Quinze-Vingts, dans le XIIe arrondissement, sans pour autant lui parler de la confirmation. Et, petit à petit, elle comprend. "J’ai réalisé que la réponse à cet appel, c’était de demander la confirmation." "Je crois ce qu’on m’annonce !", assure de son côté Éric. "Je parle de ma foi avec mes proches depuis plusieurs années. En recevant la confirmation, je compte sur l’Esprit saint pour m’aider à témoigner encore plus, à être missionnaire."

Au cours de la célébration du sacrement de la confirmation, l’évêque impose les mains à tous ceux qui reçoivent le sacrement et il invoque pour eux le don particulier de l’Esprit saint. Puis il fait sur leur front une onction avec le Saint-Chrême en disant : "Sois marqué de l’Esprit saint, le Don de Dieu". Par cette "marque" de l’Esprit, le sacrement de la confirmation insère ainsi pleinement le baptisé dans l’Église et l’aide à trouver sa place dans le monde, en vrai témoin du Christ. Ce week-end, comme pour Isabelle, Éric et des milliers d’autres en France, l’Esprit saint promet de souffler. Un souffle qui pourrait bien emporter plus de gens au passage que ce que l’on imagine.

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