Dans une rue résidentielle calme du nord de Rome, au troisième étage d'un petit immeuble, se trouve un grand appartement décoré de murs verts, avec des meubles blancs et rouges et des photos de Chiara Corbella Petrillo souriante. Cette jeune mère italienne est décédée en 2012, à l’âge de 28 ans, après avoir décidé de reporter un traitement contre le cancer pour protéger la vie de son enfant à naître. Le procès en béatification de la jeune femme s'achèvera le 21 juin.
Douze ans après son décès, son histoire continue d'inspirer des initiatives destinées à soutenir les mères et la vie qu'elles portent, dès le début. Le 8 mai 2024, deux organisations pro-vie ont inauguré La Casa di Chiara (La Maison de Chiara) pour accompagner et assister les femmes ayant des grossesses compliquées et devant venir à Rome pour obtenir un traitement médical spécialisé. Ce lieu assurera un soutien concret aux familles confrontées à une période délicate, comme la maladie d’un enfant en phase de gestation.
La cérémonie d’inauguration s'est déroulée en présence du mari de Chiara, Enrico Petrillo, de ses parents, Roberto et Anselma Corbella, de l'évêque auxiliaire de Rome, Mgr Benoni Ambarus, qui a béni l'appartement, et de plusieurs représentants du gouvernement italien. "Nous sommes heureux. C'est une belle initiative faite en mémoire de Chiara", a déclaré Roberto Corbella, le père de Chiara, à Aleteia. "Nous espérons que de nombreuses mères pourront bénéficier de cette structure."
Le témoignage de Chiara Corbella Petrillo
En 2009 et 2010, Chiara et Enrico avaient perdu deux enfants atteints de maladies périnatales. Malgré les difficultés, Chiara a mené ses deux grossesses à terme et les deux bébés, qui ont vécu moins d'une heure, ont pu être baptisés. Lors de sa troisième grossesse, Chiara a reporté son traitement contre le cancer afin de protéger la vie de son enfant à naître, Francesco. Elle est décédée quelques mois après la naissance, en 2012. Chiara avait écrit à ce sujet : "Pour la plupart des médecins, Francesco n’était qu’un fœtus de sept mois et celle qu'il fallait sauver, c'était moi. Mais je n'avais pas l'intention de mettre la vie de Francesco en danger."
Son histoire rappelle celle de la sainte italienne, Gianna Berretta Molla, qui avait également refusé un traitement contre le cancer pour donner naissance à sa fille. Aujourd'hui Chiara est reconnue comme Servante de Dieu par l'Église et une cause a été ouverte pour enquêter sur sa vie en vue d’une éventuelle béatification et canonisation. "Son témoignage est éternel", a déclaré son mari Enrico Petrillo. "C'est le témoignage d'une fille qui se sentait aimée. C'était un peu le secret de Chiara, se savoir aimée et ainsi pouvoir accueillir les autres."
"Chiara a toujours fait la volonté de Dieu. Elle a accepté la grossesse de Maria Letizia, elle a accepté la grossesse de Davide Giovanni, en étant consciente qu'au bout de quelques heures, elle aurait dû leur dire au revoir. C'est grâce à sa persévérance, son amour, sa force, […] qu'elle s'est battue pour assurer la vie à son fils Francesco. Pour cela, nous dédions ce lieu à Chiara", a assuré de son côté Antonio Brandi, président de l'association Pro Vita e Famiglia (Pro-vie et Famille). "Elle a fait face à la situation de manière très naturelle, avec un esprit positif. Je pense que cela aidera de nombreuses mamans en difficulté", a expliqué son père Roberto Corbella.
Donner un autre choix aux mères
L’histoire de Chiara peut aider les mères diagnostiquées avec des complications périnatales. La Casa di Chiara pourra accueillir jusqu'à trois familles et est idéalement située près de l'hôpital Gemelli de Rome, un centre médical de renommée mondiale, disposant d’un “Hospice périnatal”. Ce service est spécialisé dans la médecine fœtale et les soins palliatifs périnataux, c'est-à-dire dans la prise en charge des fœtus atteints de maladies graves, ainsi que de leurs mères.
Les organisations Pro Vita e Famiglia et Il Cuore in una Goccia, (Le cœur dans une goutte) collaborent pour fournir une assistance logistique et un soutien médical, psychologique et spirituel adéquat aux familles qui séjourneront à La Casa di Chiara. Ce projet vise à protéger la dignité de la vie naissante et à soutenir la famille dans l'une des expériences émotionnelles les plus critiques et les plus délicates à affronter, comme la maladie d'un enfant encore en phase de gestation. "Ce que l’on nous dit aujourd'hui, c'est qu'il faut toujours opposer deux choix, le choix de la femme et celui de l'enfant. Avec cette inauguration, nous voulons dire qu'un autre choix est possible, un choix qui accompagne les deux sur un chemin de joie, de bonheur et d'amour", a déclaré Jacopo Coghe, porte-parole de l’association.
Soyez simplement des gardiens de la vie
Lors de l'inauguration, Jacopo Coghe a également partagé une expérience personnelle. En 2014, alors que sa femme était enceinte de leur troisième enfant, ils ont découvert que leur bébé n’avait pas de reins. Néanmoins, sa femme a mené la grossesse à terme et leur fils, Gregorio, est né. Il a été baptisé et a vécu "40 minutes d'amour", a-t-il expliqué, visiblement ému. "De l'extérieur, ces histoires peuvent sembler des histoires de souffrance, mais ce sont plutôt des histoires d'amour avec un grand A", a-t-il déclaré, ajoutant que Pro Vita e Famiglia espère pouvoir ouvrir d'autres maisons comme celle-ci à l’avenir.
"Nous devons être les gardiens de la vie. Nous gardons souvent un cadeau dont nous ne connaissons même pas la grandeur", a déclaré le mari de Chiara lors de la cérémonie. "Nous devons protéger nos enfants non seulement pour leur propre bien, mais aussi pour le bien de ceux qui ne comprennent pas ce don." Pour les familles qui pourraient être hébergées à La Casa di Chiara et qui seront confrontées, comme Chiara et Enrico avant eux, à des grossesses difficiles, il a dit : "Ne vous arrêtez pas uniquement sur le présent, car parfois le présent peut sembler très dur. Demandez des yeux capables de regarder au-delà pour comprendre que nous ne sommes pas les maîtres de la vie. Il nous est seulement demandé d’être des gardiens de la vie."