La junte birmane a imposé de nouvelles restrictions aux activités religieuses à Hakha, capitale de l'État Chin à majorité chrétienne. Selon le quotidien UCA News, l'administration locale a publié un arrêté le 22 avril dernier interdisant les rassemblements de plus de cinq personnes, y compris pour les messes et les offices religieux. Bien que les chrétiens aient tenu une réunion avec les autorités locales le 24 avril, leur appel à lever cette interdiction est demeuré vain. Valable jusqu'au 22 juin, l'arrêté affectera au moins quatorze églises de diverses confessions chrétiennes, principalement catholiques, baptistes et anglicanes.
"Dans l’État Chin, chaque famille compte plus de cinq membres. Les rassemblements de prières seront nécessairement affectés par cet ordre", a déclaré à UCA News le 26 avril une source ecclésiastique. Cette interdiction intervient après que des hauts responsables ont été blessés lors d'une attaque contre un convoi de ministres le 12 avril, une attaque revendiquée par les forces de défense du Chin. Depuis le 2 février 2023, sept villes de l'État Chin sont soumises la loi martiale, qui contraint les habitants à un couvre-feu et à une interdiction de rassemblement de plus de cinq personnes.
L'État Chin martyrisé par la guerre
La Birmanie traverse une grave crise depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a mené la junte birmane au pouvoir. Face à cette dernière, les Forces de défense du peuple qui s’opposent à la dictature militaire et ont organisé un vaste mouvement de désobéissance civile. L’État Chin, frontalier de l’Inde et du Bangladesh, est l'une des régions les plus éprouvées par le conflit. Dans cette région, une trentaine d’églises (principalement baptistes mais aussi catholiques) ont fait l’objet de destructions au cours des combats. Les chrétiens y représentent 85% de la population, ce qui en fait le seul État à avoir une population majoritairement chrétienne. En Birmanie, les chrétiens ne représentent que 6% de la population, en grande partie bouddhiste.