Ses dessins, aussi beaux que doux, ont trouvé rapidement un large écho sur Instagram où son compte professionnel compte 11.000 abonnés. Antonine Sauvage partage son temps entre sa vocation d’enseignante en maternelle à Lyon, au plus près des enfants qu’elle aime tant, et son talent de dessinatrice. Sous sa marque Prunelle crée en octobre 2018, elle propose des images de baptême, de communion, et même des bannières de saints, pour le plus grand plaisir des parents mais aussi des enfants, vite conquis par ce trait si pur et délicat. Cette dijonnaise d’origine confie ainsi en toute sincérité qu’elle n’a qu’un objectif, à travers ses deux métiers, vivre chaque jour pour Dieu.
Aleteia : Comment avez-vous commencé à dessiner et pourquoi cette signature "Prunelle" ?
Antonine Sauvage : Je suis issue d’une famille de quatre filles, et nous sommes toutes assez manuelles. Pourtant je n’ai vraiment commencé à dessiner qu’à l’âge de 22 ans, pour réaliser le faire-part de naissance d’une de mes nièces, puis pour quelques proches. Très vite, mes dessins ont plu et ont dépassé les frontières familiales, alors j’ai créé ma petite marque Prunelle, comme la prunelle de nos yeux, en pensant aux enfants. Je réalise à présent des commandes pour des particuliers, via mon site internet, tout en gardant un mi-temps à l’école, où je suis maîtresse en grande section.
Comment définissez-vous votre style ?
J’ai un style minimaliste, catholique, rétro chic, et très doux. J’aime transmettre la beauté de la création à travers l’innocence, la pureté et l’amour des enfants. Je dessine en vérité avec ce que je suis, c'est-à-dire que je ne suis pas les modes ou les tendances. J’aime la douceur et la beauté, et par-dessus tout, j’aime être un instrument pour transmettre la foi.
Comment votre foi s’est forgée et vous a-t-elle forgée ?
Par le scoutisme essentiellement. Je suis issue d’une famille catholique donc j’ai été baignée dans la religion, mais ma foi s’est vraiment révélée à travers le scoutisme, que j’ai pratiqué de nombreuses années et où j’ai vécu de grandes et belles choses, spirituellement comme humainement. Je suis HPI (elle a été diagnostiquée à l'âge de 13 ans, ndlr) et très sensible, par conséquent, l’école a été très difficile pour moi. Grâce au scoutisme le week-end, je retrouvais la nature, la fraternité, une vie simple et priante.
C’est vraiment dans le scoutisme que j'ai trouvé ma vocation.
Et quand je suis devenue cheftaine, j’ai tellement aimé être avec des plus jeunes, me découvrant un désir de transmettre. C’est vraiment dans le scoutisme que j'ai trouvé ma vocation, qui est de mettre ma foi au service des autres. Pour mes études par la suite, j’ai un peu tâtonné en commençant par la médecine puis du commerce avant de devenir institutrice, un métier dans lequel je suis à présent très heureuse, car je peux transmettre. En créant par la suite Prunelle, je me sens à présent “complète” car je peux également témoigner par mes dessins. Ma foi est un élément essentiel de ma vie, et je dis souvent que je préfère ne vivre que 30 ans mais avec Dieu, plutôt que 102 ans mais sans lui !
Dans vos dessins, la beauté tient une grande place, pourquoi ?
Je trouve que la beauté n’est pas seulement subjective. Il y a objectivement des choses belles, et c’est cela qu’il faut transmettre aux enfants. D’autant que je le constate au quotidien dans mes classes, les enfants aiment le beau, ils sont attirés par cela. Ma dernière petite anecdote en ce sens est un coloriage qu’on avait donné à faire à deux classes distinctes : l’un d’un dessin animé manga, l’autre d’un de mes dessins. Les enfants se sont beaucoup plus appliqués sur le mien, respectant les lignes et les traits, comme s' ils ne voulaient pas l'abîmer, mais au contraire le magnifier. Les enfants sont vraiment réceptifs à la beauté, or pour moi, élever au beau, c’est aussi élever à Dieu.
Comment comptez-vous développer votre marque ?
Je n’ai aucun plan précis, je laisse Prunelle vivre et se développer. Je suis déjà très heureuse de pouvoir partager mes dessins, et de mettre de beaux outils à disposition pour des fêtes familiales ou religieuses par exemple. Mais je n’ai aucun modèle économique en particulier, et je ne vis pas encore de cette entreprise. J’ai un travail salarié et rémunéré, il me fait vivre, et me permet de garder un lien social et un contact au quotidien avec les enfants. Cela me laisse aussi une grande liberté créative, car si je me "plante", ce n’est pas grave, j’aurais au moins essayé. Mon rêve ultime serait peut-être de travailler dans l’art sacré et je commence à avoir quelques contacts en ce sens. On verra bien. Et qui sait, plus tard, quand je serai mariée et avec des enfants, peut-être que je développerai Prunelle autrement.
Quel est votre rapport avec les réseaux sociaux ?
Pour moi, Instagram est vraiment une vitrine, puisque j’ai de plus en plus d'abonnés, mais je précise toutefois que 11.000 abonnés, ce ne sont pas 11.000 commandes ! Par ailleurs, je suis très consciente des travers des réseaux, que ce soit de la jalousie ou de l’orgueil. Alors je suis très vigilante à mes abonnements, et j’essaye de prendre du recul, aussi bien sur le nombre de "like", que sur les reprises de mes dessins, car il n’est pas rare d’être copié. Quand on a une idée, ça part vite et ce n’est jamais très agréable ! C’est pourquoi de mon côté, je m'abonne peu à d’autres dessinatrices, pour ne pas me laisser influencer par les tendances, et je relativise.
À côté des commandes payantes que je réalise, je propose également de nombreux dessins gratuitement. Je mets à disposition sur mon site plusieurs coloriages ou récemment un chemin de carême pour 2024. Le don fait aussi partie de mon désir de transmission, et récemment, j’ai pris conscience que ce qui est gratuit touche particulièrement, je reçois beaucoup de messages de remerciements en ce sens. Il faut donc bien distinguer les choses, et rester respectueux du travail de chacun.
Avez-vous un saint que vous aimez en particulier ?
J’aime beaucoup les saints ! Et j’en ai dessiné entre 200 à 300 alors c'est difficile pour moi de choisir ! La Vierge Marie, saint Antoine de Padoue, saint Jean Paul II, la petite Thérèse, Charles de Foucauld, tous me touchent et me parlent. J'aime par exemple chez sainte Thérèse de Lisieux, cette phrase, "l’épreuve de l’amour, c’est de s'abaisser". Ce message d’humilité, d’abaissement et de pardon me parle. Il y a une autre phrase que j’aime beaucoup et qui est de saint Matthieu, "le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent" (Mt 19,14), en parlant des enfants.
Pour le carême cette année, vous avez mis en accès libre un très beau chemin de carême pour les enfants, et pour les adultes ?
Je le reconnais, j’aime particulièrement cette période du carême, et je regrette quand j’entends les autres dire que c’est un moment triste et plein d’efforts. Au contraire ! Quelle joie d’avoir la chance de se renouveler, de demander pardon en allant se confesser, de se retrouver au plus proche du Christ : ce n’est pas triste, c’est très joyeux ! On n’a qu’une chose à demander au Seigneur, de venir nous purifier. Pour moi, cela commence par me couper des réseaux par exemple, mon compte Instagram sera donc en suspens pendant ce temps. Pour les enfants, j’ai essayé, à travers ce chemin de croix, de leur proposer des exemples de petits efforts du quotidien, afin là encore, de rendre cette période de 40 jours facile et joyeuse, pour se purifier et se rapprocher de Dieu.
Quel est votre message à travers toutes vos créations ?
Ma finalité, c’est le Royaume de Dieu. Or j’ai l’immense chance de pouvoir vivre ma foi dans mes deux métiers, dans lesquels je m’épanouis et où je peux témoigner. Nous avons tous un talent, à nous de le déceler pour le mettre en avant, afin d’être disciple et de toucher les cœurs.