Vouloir plaire. À tout le monde. Tout le temps. À tout prix. Un penchant assez naturel, somme toute, car tout être humain est animé du besoin d’aimer et d’être aimé, mais qui peut rapidement mener au mensonge et à la concupiscence. Lorsqu’elle est bien orientée, la séduction n’est pas mauvaise en soi. Bien pesée, elle est un ingrédient de la rencontre amoureuse. On peut aussi vouloir plaire à sa femme ou à son mari après vingt ans de mariage, et c’est très bien, cela montre que la relation est vivante. En revanche, vouloir plaire de manière excessive conduit au mensonge : on embellit ou on dissimule la réalité pour ne laisser paraître que ce que l’on souhaite montrer. On ne montre qu’une partie de soi. Ce n’est pas là la liberté qui consiste plutôt à se montrer tel que nous sommes vraiment.
Vouloir plaire à tout prix, à l’image de Don Juan qui multiplie les conquêtes amoureuses, mène tout droit à la concupiscence : l’autre n’est pas aimé pour ce qu’il est mais est un objet de convoitise. Une attitude aux antipodes de l’amour défini par Jean Paul II comme le don désintéressé de soi-même. "La concupiscence, en elle-même, n'est pas capable de promouvoir l'union comme communion des personnes. La relation du don se transforme en relation d'appropriation", affirmait le saint pape polonais lors de l’Audience générale du 23 juillet 1980.
Le remède ? L’apprentissage de la chasteté
La chasteté signifie dire la vérité avec son corps en toutes circonstances. En ce sens, la chasteté, disait Jean Paul II, "c’est la transparence de l’amour". Pour saint Augustin, la chasteté passe avant tout par le regard. Il enjoint à cultiver un regard pur, garant d’un cœur pur. "Ne prétendez pas avoir le cœur pur, si vous avez les yeux impurs, car l’œil impur est le messager d’un cœur impur", écrit saint Augustin. Il fait ainsi référence à l’Évangile de Luc : "Quand ton œil est limpide, ton corps tout entier est aussi dans la lumière ; mais quand ton œil est mauvais, ton corps aussi est dans les ténèbres" (Lc 11, 34).
Un regard chaste est un regard qui voit en l’autre non pas un objet de désir, mais une personne dans toute sa dignité en tant que créature façonnée à l’image et à la ressemblance de Dieu. La chasteté induit un apprentissage à la maîtrise de soi, de son regard, et mène à une vraie liberté, celle de se détacher de ses désirs. Un regard chaste, loin d’être une contrainte, est bien une démarche de liberté, de libération.