À chaque messe, le sacrifice du Christ est offert pour la création tout entière, passée, présente et future. Mais l’Église encourage les intentions particulières. Elles sont en effet le signe de l’action salvifique de Jésus, qui est concrète. Elles sont aussi pour les fidèles une forme de pédagogie, pour apprendre à s’unir, d’esprit et de corps, au don du Christ à l’autel : avoir un visage ou une intention en tête incarne la prière.
Peut-on pour autant proposer à la prière de l’assemblée n’importe qui ? À cette question, le Code de droit canonique répond succinctement : "Le prêtre a la liberté d’appliquer la Messe tant pour les vivants que pour les défunts." (§901) Le précédent code, de 1917, excluait de toute prière publique les personnes excommuniées. Abandonnée, cette rigueur avait pour objectif d’éviter tout scandale. Aussi les excommuniés pouvaient-ils tout de même profiter de la prière de l’Église, mais privément.
Possibilité d’anonymiser l’intention
Aujourd’hui, donc, un fidèle peut demander que la messe soit dite à l’intention d’une personne connue ou inconnue, notoirement éloignée de la vie chrétienne ou des commandements, par exemple d’un suicidé. Car, si "le suicide est gravement contraire à la justice, à l’espérance et à la charité" et qu’il est "interdit par le cinquième commandement" (CEC, §2325), "on ne doit pas désespérer du salut éternel des personnes qui se sont donné la mort. Dieu peut leur ménager par les voies que lui seul connaît, l’occasion d’une salutaire repentance." (id., §2280).
Le prêtre peut ainsi anonymiser l’intention – ce qui était le plus courant jusqu’à peu – pour ne pas faire la publicité d’une situation particulière et pour éviter de laisser penser que celle-ci est approuvée par un tel acte liturgique. Mais, toujours, tout un chacun a le droit qu’on le présente à Dieu, seul juge, qui veut que tous aient part à la vie éternelle, acquise au prix du sang du Christ. Celui-là même de l’eucharistie.