On connaît les chemins de croix, très nombreux, présents dans les sanctuaires mais aussi disséminés dans les campagnes pour honorer le martyre du Christ dans sa Passion. On connaît aussi les enclos paroissiaux, propres à la Bretagne où sur un terrain appelé placître entouré d’une clôture, on trouve, selon les cas, une église, un calvaire, un cimetière ou bien encore une fontaine. En revanche, on connaît beaucoup moins les enclos du Rosaire et pour cause puisqu’ils sont, en France, extrêmement rares.
Pour réciter son chapelet
En fait, les enclos du Rosaire empruntent à la fois aux chemins de croix par leurs stations constituées de monuments, et aux enclos paroissiaux par la disposition de ceux-ci à l’intérieur d’un espace fermé. Les monuments en question sont consacrés aux quinze mystères du Rosaire, les mystères joyeux (l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation de Jésus au Temple et le Recouvrement de Jésus dans le Temple), les mystères douloureux (l’Agonie, la Flagellation, le Couronnement d’épines, le Portement de Croix et la Crucifixion) et les mystères glorieux (la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de la Vierge), sachant que la création des enclos du Rosaire est antérieure à l’institution, par le pape saint Jean-Paul II, des mystères lumineux (le Baptême du Christ, les Noces de Cana, l’Annonce du Royaume, la Transfiguration et l’Institution de l’Eucharistie). Les enclos du Rosaire permettent ainsi à ceux qui veulent réciter leur chapelet de le faire dans un lieu où leur prière est soutenue par le signe visible des mystères qu’ils sont appelés à méditer.
Le plus remarquable
Comme enclos du Rosaire existant en France, on peut citer, en premier lieu, le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à Gravières en Ardèche établi par l’abbé Maurice Canaud en 1874. Cet enclos comporte quinze oratoires pour chacun des mystères ainsi qu’une chapelle en forme de tour crénelée et un chemin de croix. L’ensemble a été restauré dans les années 2000. Mais le plus important et le plus remarquable des enclos du Rosaire est certainement celui de Beaumont-Sardolles situé dans le département de la Nièvre, à une vingtaine de kilomètres de Nevers, dans une petite commune ne comptant que 117 habitants.
Il est l’œuvre de la volonté de l’abbé Henri Bonnard (1884-1969), dernier curé résident de la commune, qui amorça la construction de l’enclos en 1939 avec l’édification d’une grotte inspirée de celle des apparitions de Lourdes et qui l’acheva dix ans plus tard, en 1949, en réponse au vœu qu’il avait formulé du retour dans leurs foyers des soldats et prisonniers à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. C’est le sculpteur Marget qui réalisa ce travail. L’artiste n’est pas sans rappeler, par son style, celui du facteur Cheval. On est, effectivement, en présence d’un bel exemple d’art brut, avec des monuments taillés dans du mâchefer provenant de fourneaux voisins à une époque où la sidérurgie battait son plein dans la région. Chaque série de mystères est également précédée par une croix recouverte de mosaïques très colorées.
Une belle catéchèse
Outre la grotte de Lourdes et les monuments du Rosaire, l’enclos comporte une statue du Sacré-Cœur et des représentations des principales apparitions mariales comme celles de La Salette, de Pontmain et de Fatima. L’enclos ne comprend pas de chapelle car il est situé juste à côté de l’église Saint-Barthélémy, sachant que les offices peuvent aussi être célébrés en plein air devant la grotte, notamment pour les fêtes de l’Ascension et de Saint-Christophe dont la statue flanque l’église. L’enclos du Rosaire se présente ainsi comme une belle catéchèse qui peut à la fois réjouir les cœurs d’enfants et mener sur les chemins de la foi les âmes plus éprouvées.