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Au Liban et en Syrie, “moins d’écoles chrétiennes, c’est plus d’extrémisme”

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Une autre école chrétienne au Liban.

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Sina Hartert - AED - publié le 30/11/23
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Alors que le Liban et la Syrie s’enfoncent dans la crise, l’éducation demeure un enjeu prioritaire avec, notamment, le maintien d’écoles chrétiennes sur place. Une priorité dont s’est saisie l’Aide à l’Église en détresse (AED) en débloquant une aide de 2,6 millions d’euros pour les écoles de ce deux pays.

Les chiffres sont alarmants. En Syrie, les chrétiens ne représentent plus que 2% de la population et nombre d’écoles chrétiennes n’ont pas rouvert malgré la chute de l’État islamique (EI). Celles qui le sont encore survivent difficilement. Le Liban connaît quant à lui depuis 2019 la plus grave crise politique, économique et sociale de son histoire. Frappées de plein fouet par la crise, les écoles catholiques se trouvent au bord du gouffre. Face à cette situation, l’Aide à l’Église en détresse (AED) a décidé d’agir en débloquant un nouveau programme d’aide de 2,6 millions d’euros à destination d’écoles dans ces deux pays pour l’année scolaire 2023-2024. 

Concrètement, ce montant correspond à des bourses scolaires pour plus de 16.000 élèves majoritairement chrétiens issus de milieux pauvres dans 176 écoles catholiques ainsi que des indemnités comme complément de salaires pour 6.000 enseignants dans des écoles catholiques et 117 professeurs de religion dans des écoles publiques. Ce programme d’aide prévoit également le financement de plus de 20 projets de panneaux solaires à poser sur les toitures de certaines de ces écoles. 

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Une autre école chrétienne au Liban.

Le soutien financier de l’étranger est essentiel pour la survie des écoles dans ces deux pays. "Nos écoles sont dans une impasse terrible", explique Marielle Boutros, une jeune enseignante coresponsable des projets de l’AED au Liban. "Les parents ne peuvent plus payer les frais de scolarité et il n’y a pas de soutien de l’État. Or, sans revenus, les écoles ne sont pas en mesure de payer les salaires des enseignants. À cela s’ajoutent les frais de fonctionnement. Si nous ne maintenons pas les écoles chrétiennes, les conséquences seront graves pour tout le pays. De nombreuses institutions islamistes sont prêtes à s'engouffrer dans cette brèche. Les enfants seraient alors endoctrinés idéologiquement, ce qui conduirait à encore plus d’extrémisme".

L’aide sert un objectif social

Depuis l’effondrement économique du Liban en 2019, plus de 70% de la population vit dans une extrême pauvreté. Et en Syrie, ce taux atteint les 90% en raison de la guerre, des sanctions et de l’inflation. Marielle Boutros explique : "Si vous aviez un salaire équivalent à 2.000 dollars américains au Liban avant la crise, maintenant vous n’avez plus que 20 à 30 dollars à votre disposition. Rien que les déplacements en voiture pour vous rendre à votre travail absorbent déjà la totalité de votre salaire. De nombreuses personnes ont perdu leur emploi. Elles vivent avec quelques dollars par mois et doivent renoncer à certains repas".

Le programme d’aide soutient non seulement les parents pour les aider à payer les frais de scolarité et le matériel scolaire de leurs enfants mais il subventionne également les salaires des enseignants des écoles catholiques et des professeurs d’instruction religieuse catholique dans les écoles publiques. Malgré les difficultés de la situation, Yolla Bader, qui enseigne la religion catholique dans une école publique près de Beyrouth depuis 23 ans, tient bon grâce au soutien qu’elle reçoit : "Ici, ma mission n’est pas seulement d’enseigner. Ma mission est d’être la présence du Christ dans cette école, même si ce n’est qu’une petite lumière dans les ténèbres".

Comme de nombreuses écoles publiques sont en grève, trois millions d’enfants risquent de grandir sans instruction. Nous pouvons accueillir beaucoup d’entre eux, y compris des enfants musulmans, dans les écoles catholiques.

Le soutien apporté par l’AED à l’installation de panneaux solaires et à des projets de rénovation dans les écoles sert également un objectif social important : "Si les installations solaires sont si importantes, c’est parce qu’elles aident les écoles à devenir autonomes", explique Marielle Boutros. "Comme de nombreuses écoles publiques sont en grève, trois millions d’enfants risquent de grandir sans instruction. Nous pouvons accueillir beaucoup d’entre eux, y compris des enfants musulmans, dans les écoles catholiques", explique-t-elle. "Les chrétiens accomplissent là une tâche importante pour l’ensemble du Liban. De nombreux parents musulmans apprécient notre travail. Les enfants apprennent à connaître la foi et les valeurs chrétiennes, et, en étant ensemble, la tolérance s'accroît également."

Des perspectives dans une Syrie déchirée par la guerre

En Syrie, qui a été secouée par la guerre civile ces dernières années, et où, rien qu'en 2021, quelque 6.000 personnes ont été tuées par le conflit qui couve encore, la pauvreté est aujourd’hui plus grave que jamais. "La Syrie a été clouée sur le bois de la croix. Le pays a survécu, mais la guerre a causé de profondes blessures au corps et à l'âme", a déclaré Elias Nseir, représentant du patriarcat grec catholique melkite auquel appartient l'école Al-Riaya, située dans la banlieue de Damas.

La proportion de chrétiens en Syrie a considérablement diminué. Les données chiffrées sont difficiles à vérifier. Avant la guerre, on estimait à environ 1,5 million le nombre de chrétiens vivant dans le pays. Selon les estimations actuelles, il n'y aurait qu’environ 200.000 familles chrétiennes. Il est donc d’autant plus important d’apporter un soutien financier aux écoles catholiques, afin d’offrir des perspectives aux enfants malgré la guerre et de les aider à se bâtir un avenir dans leur pays : "Le soutien de l’AED nous permet de poursuivre notre mission éducative, humaine et chrétienne", affirme Elias Nseir. "Malgré tous les nombreux obstacles."

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