Son nom vous est peut-être inconnu. Mais sans le savoir, vous avez probablement déjà entendu parler de lui. Que vous soyez féru de littérature ou que l’on vous ait forcé à lire quelques classiques à l’école, vous l’avez déjà croisé dans l’un des monuments de la littérature française. Qui a lu les Misérables de Victor Hugo se rappelle sûrement de Mgr Myriel, ce gentil prélat pauvre et charitable, qui a ouvert sa porte à Jean Valjean alors frappé d’infâmie à son retour du bagne. Ce personnage a vraiment existé. Il s’appelle Mgr Charles-François-Melchior Bienvenu de Miollis et pourrait être prochainement béatifié, comme l’a annoncé la Conférence des évêques de France le 8 novembre. À l'issue de leur assemblée plénière qui s’est achevée à Lourdes le même jour, les évêques de France ont voté l’ouverture de deux causes en béatification : celle de Mgr Bienvenu de Miollis et celle de Dom Guéranger.
Né le 19 juin 1753 à Aix-en-Provence, Bienvenu de Miollis est ordonné prêtre à Carpentras en 1777 à l'âge de 24 ans. Il commence son ministère en tant que vicaire à Brignoles (Var) et comme aumônier des Ursulines à Aix-en-Provence. Il prend en charge l'enseignement du catéchisme dans les campagnes, et s'occupe des plus pauvres. Lors de la Révolution française, il refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé et se voit contraint à l'exil. En 1792, il quitte la France pour Rome, où il restera jusqu'en 1801, avant de revenir à Aix comme vicaire de la paroisse Saint-Sauveur. Trois ans plus tard, il devient curé de Brignoles, puis évêque de Digne, en 1805. Il le restera pendant 33 ans, avant de démissionner pour raison de santé. Retiré chez sa sœur, à Aix, il finit ses jours comme évêque émérite et meurt le 27 juin 1843 en odeur de sainteté. Il est enterré dans la cathédrale de Saint-Jérôme de Digne.
Une vie au service des plus pauvres
Tout au long de sa vie, Mgr de Miollis a manifesté son attention aux plus pauvres, en cherchant toujours à s'abaisser. Sa foi pure, sa charité et son humilité ont inspiré Victor Hugo pour le personnage de Charles-François Bienvenu Myriel. On dit même que l'histoire de la rencontre entre le bon évêque et le bagnard des Misérables est en partie bien réelle. Dans une note sur l'histoire des Misérables insérée dans l'édition de l'œuvre datant de 1909, le journaliste et écrivain Gustave Simon affirme que le vrai Jean Valjean s'appelait Paul Maurin, un ancien forçat condamné à cinq ans de bagne pour avoir volé du pain. Rejeté par tous ceux qu'il croisait sur sa route, Paul Maurin serait parvenu à trouver refuge chez Mgr Bienvenu de Miollis qui lui aurait offert le gîte et le couvert.
Le premier mérite de l'ouverture de la cause en béatification de Mgr Bienvenu de Miollis sera d'abord de mieux faire connaître cette figure, si humble et charitable qu'elle aura touché le cœur, incognito, de millions de lecteurs.