Notre-Dame de Grâce, chef-d’œuvre baroque qui s’offre aujourd’hui à la vue des fidèles de Saint-Nizier, à Lyon, est dû au talent d’un enfant de la paroisse, Antoine Coysevox. Cet homme deviendra un des plus grands sculpteurs de Louis XIV et de Versailles, membre de l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Et quel chef d'œuvre ! Un seul bloc de marbre a été nécessaire pour sculpter cette statue à taille humaine. Quelle image vivante, pleine de mouvement ! Quelle finesse dans les drapés, le déhanchement ! L’enfant-Jésus semble plein d’énergie.
Une statue prévue pour les passants
Le travail de l’artiste intervient alors que la dévotion mariale ne se dément pas dans la capitale des Gaules depuis des siècles. De nombreux habitants tiennent à montrer cette dévotion publiquement en installant une statue de la Vierge à l’extérieur de leur maison, souvent à l’angle d’une rue, pour accueillir passants et visiteurs.
Aussi, au moment de son exécution, et comme on en trouve beaucoup d’autres, la statue n’est pas destinée à être installée dans un édifice religieux. Coysevox la sculpte en 1676 pour orner la façade de sa propre maison, située à l’angle de deux rues. Pour ceux qui connaissent la ville de Lyon, l’endroit est situé à l'angle de la rue du Plat d'argent et de la place du Plâtre, aujourd'hui rue de l'hôtel de ville. La position de la maison expliquerait l’orientation des regards des deux personnages, Marie et Jésus tournant leur visage vers chacune des rues du carrefour.
Un transfert de la rue à l’église Saint-Nizier
La statue est acquise en 1771 par la confrérie Notre-Dame-de-Grâce, pour une raison que nous ne connaissons pas. Mais la Vierge était honorée à Saint-Nizier sous le vocable de Notre-Dame de Grâce depuis le XIe siècle. Lui offrir une statue d’une qualité exceptionnelle était-il devenu une évidence pour les paroissiens ? Depuis, elle est placée dans le croisillon sud du transept de l’église. En somme, cette statue d’une facture exceptionnelle sera restée près de cent ans à l’extérieur, avant de rejoindre la place qui semble lui avoir été réservée depuis toujours à Saint-Nizier.
La dévotion d’une bienheureuse lyonnaise
La fondatrice de l'Association de la Propagation de la foi, Pauline Jaricot, béatifiée le 22 mai 2023, a beaucoup prié devant cette statue de Notre-Dame de Grâce. Elle s’est d’ailleurs convertie suite à un prêche sur la vanité, entendu en cette église. Son corps a été transféré en 1935 à proximité de l’autel de la Vierge et sa sépulture s’y trouve toujours.
Avez-vous vu la statue de Notre-Dame de Grâce ailleurs ? C’est possible, car une réplique en plâtre est conservée à l'église de Trévoux dans l’Ain, et une copie en pierre, plus grande que l'originale, a trouvé sa place au portail de l'église de Bourg. Une maquette en terre cuite est aussi conservée à l'Hospice de la Charité de Lyon.