Dans les rues du centre-ville, ils étaient nombreux à s’être amassés sur le bord des routes pour aller apercevoir la Fiat 500 blanche du pontife. Cinq siècles que Marseille attendait la visite d’un pape ! Depuis le Vieux Port, on pouvait entendre le bourdon de la basilique Notre-Dame de la Garde tonner pour saluer l’événement. « Dès votre arrivée, vous avez voulu faire comme nous faisons ici, chaque fois qu’un événement heureux ou malheureux surgit dans notre existence […]. Nous montons sur cette colline pour nous confier à la Vierge Marie », a salué le cardinal Jean-Marc Aveline en accueillant le pontife tout en haut de la colline.
L’archevêque de Marseille, grand artisan de la venue du pape, ne cachait pas sa grande joie de le voir au milieu des prêtres et diacres de son diocèse, dans le cœur battant de sa ville, la « Bonne Mère ». Sous les ors de la basilique, le pontife a exhorté son auditoire à la compassion, se tournant vers les célèbres ex-votos laissés par des générations de Marseillais, notamment des marins sortis indemnes d’une tempête après avoir tourné leurs prières vers la Vierge. Les magnifiques maquettes de leurs bateaux étaient suspendues comme des anges au-dessus de toutes les têtes.
Devant le clergé marseillais réuni autour de lui, le pontife de bientôt 87 ans n'a pas hésité à poser les feuilles de son discours pour prodiguer, tel un grand-père, quelques conseils aux prêtres du diocèse. “S’il vous plaît : dans le sacrement de pénitence, pardonnez toujours. Pardonnez ! Soyez généreux comme Dieu est généreux avec nous. Pardonnez !”.
Le « fanatisme de l’indifférence »
Le pape est ensuite sorti sur le parvis, d’où il a pu contempler cette ville « porte et fenêtre sur la Méditerranée », comme il la surnomme. On avait annoncé de la pluie et un temps maussade. « Comme souvent avec le pape, le beau temps vient nous surprendre », se réjouissait une Marseillaise, contemplant le ciel lavé par les vents, alors que le soleil faisait briller les pavillons du Vatican accrochés en haut de la basilique. Depuis l’esplanade, la lumière du soleil se reflétant dans le golfe était presque aveuglante.
Accueilli par les représentants de toutes les religions à Marseille et les autorités politiques - dont le maire Benoît Payan - le pontife a prononcé un second discours, avec des mots très forts, condamnant le « fanatisme de l’indifférence » face au sort des migrants. Sur ce petit promontoire situé au pied de la Bonne Mère, le pape a laissé une gerbe de fleurs devant le monument faisant face à la Méditerranée. Puis il est parti pour rejoindre la résidence de l’archevêque où il passe la nuit. Un peu de repos pour le pontife avant la longue journée que Marseille lui réserve samedi.