Crise économique, écologique, identitaire, guerre… Les défis auxquels sont confrontées nos sociétés sont nombreux et ne pourront être relevés sans un engagement fort des jeunes générations. Mais comment un chrétien peut-il agir sans dévier du dessein ultime de sa vie : la sainteté ? Charles Péguy donne une indication "Tout commence en mystique, et tout finit en politique". Cette phrase s’illustre dans la vie de Jeanne d’Arc. Mystique et politique ne faisaient plus qu’un pour Jeanne. Elle nous montre par sa vie que servir Dieu, c’est servir la France.
Jeanne naît en Lorraine, le 6 janvier 1412, en pleine guerre de cent ans. La France d’alors est sous hégémonie anglaise, en proie à des batailles entre provinces françaises, partagée entre les deux camps. Le royaume de France est en crise, le successeur légitime du trône, le dauphin Charles, n’est pas sacré à cause du contexte. Jeanne est affligée de l’état de son pays, jusqu’au jour où Dieu, par l’intermédiaire de l’archange saint Michel, la missionne pour sauver la France en levant le siège d’Orléans pour sacrer le dauphin Charles VII à Reims. Elle ira au bout de cette quête, jusqu’au don de sa vie au bûcher à Rouen. Ainsi, dans un contexte de crise, Jeanne, pourtant jeune, a réussi à agir saintement. Elle est un modèle pour la jeunesse d’humilité, de pureté, d’audace et de charité.
Humilité
Jeanne était humble. Elle était préoccupée par l’état de son pays, mais elle se savait impuissante, du fait de sa condition. Elle n’a pas cherché à devenir la sauveuse de la France, mais elle s’est tournée vers le seul sauveur : Jésus-Christ. Le chrétien, à la suite de Jeanne, doit reconnaître sa faiblesse, pour placer sa force dans le Christ (2 Co 12, 10). A l’ère de la désertification de la pratique religieuse, notamment par la jeune génération, Jeanne nous rappelle que tout se joue d’abord dans la prière.
Pureté
Jeanne était pure. Lorsque l’archange lui révéla sa mission, elle décida de se consacrer au Seigneur, par un vœu de virginité. Nous ne sommes pas tous appelés au même vœu, mais nous sommes tous appelés à la chasteté. Aujourd’hui, les jeunes sont sollicités à la consommation que ce soit au niveau alimentaire, ludique ou sexuel, par le biais d’internet, de la publicité. Comment pourrions-nous nous dévouer à une grande cause, si nous ne sommes pas capables de nous maîtriser en nous donnant corps et âme à Dieu ? Jeanne avait saisi l’enjeu du don total de sa personne, à sa suite nous pouvons nous aussi nous offrir davantage à Dieu, en nous libérant de ce qui nous emprisonne.
Audace
Jeanne s’imposa par son audace. À Vaucouleurs, lorsqu’elle demande une escorte, son audace fait céder le chevalier Baudricourt. Cet aplomb était entrecoupé de doute, mais elle repartait à la charge, après ses forces retrouvées auprès du Seigneur, dans la prière. Combien de nos projets, même modestes, ne débutent jamais par manque d’audace et par manque de ressourcement dans le Seigneur ?
Charité
Enfin la charité. Souvent, la politique est motivée ou conduit à la haine de l’adversaire. Ce n’était pas la vision de Jeanne. Elle était résolue à bouter les Anglais hors de France, mais avant chaque combat, elle essayait de récupérer pacifiquement les terres conquises. Lorsque la bataille était inévitable, elle pleurait et priait pour les Anglais morts. Car elle savait, au-delà des divisions politiques, que nous sommes tous spirituellement frères et sœurs dans le Christ. À la suite de Jeanne, cherchons d’abord le chemin de la paix.