Dans le récit de la Genèse, après la chute, la honte pousse Adam et Ève à se cacher : "L’homme et sa femme allèrent se cacher aux regards du Seigneur Dieu parmi les arbres du jardin" (Gn 3,8). Conscients de leur propre nudité, ils ne pouvaient plus supporter le regard de Dieu qui leur criait : Où es-tu ?
Personne ne peut supporter longtemps un tel isolement. Alors que la honte et les remords pousseraient à fuir et à se cacher, ouvrez plutôt vos cœurs à Dieu et implorez son aide :
"Regarde, et prends pitié de moi, de moi qui suis seul et misérable" (Ps 24, 16).
Ce thème revient tout au long des Psaumes : "Seigneur, tout mon désir est devant toi, et rien de ma plainte ne t'échappe… Dieu, tu connais ma folie, mes fautes sont à nu devant toi" (Ps 37, 10 ; 68, 6), ou encore "Dieu de l'univers reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois" (Ps 79, 15). Ce sont des prières et des demandes, dans lesquelles l’homme se montre avec ses misères et ses faiblesses, pour que Dieu vienne à son secours.
Les Saintes Écritures montrent que, en cessant de vivre cachés à cause de la honte ou des remords, et en se tournant plutôt vers le Seigneur et en criant vers Lui, Il entend les prières et apporte son aide :
"Des hauteurs, son sanctuaire, le Seigneur s'est penché ; du ciel, il regarde la terre, pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir" (Ps 101, 20).
Le salut apporté par Jésus-Christ libère l’homme de ses "cachettes" et le rapproche de son Père "qui voit dans le secret" (Mt 6,6) et qui connaît toute chose. L'Évangile donne l’assurance que "pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard" (He 4,13), et que Dieu n’attend qu’une chose : c’est que l’homme se tourne vers Lui.
Le collecteur d'impôts dans le Temple, rongé par le remords (Lc 18,13-14) et la pauvre veuve faisant l'aumône dans le Temple (Lc 21,1-4) se ressemblent en cela : ils agissent tous deux avec l'assurance que Dieu les voit... et que le fait d'être vus, les transformera. Même lorsque Zachée, rongé par la culpabilité, essaie de se cacher dans un sycomore, Jésus le voit. Et quand il prend conscience de cela, il se laisse rejoindre par Jésus, et se laisse transformer.
"La prière, c’est avoir conscience d’être vu", comme l’écrit le prêtre tchèque Tomáš Halík dans son œuvre La nuit du confesseur. La prière permet de se laisser rejoindre par le Seigneur, de lui montrer humblement ses maladies et ses laideurs et de se laisser transformer par son amour. C’est dans la prière que l’homme peut alors répondre à cette question que Dieu lui pose depuis le commencement : "Où es-tu ? Je veux rester avec toi".