En Inde, dans le diocèse de Cuttack-Bhubaneswar situé dans l'État indien d'Orissa, plus de 5.000 chrétiens ont fêté l'ouverture d'un sanctuaire dédié à Notre-Dame de Fatima, samedi 13 mai. Ce nouveau lieu spirituel se trouve plus précisément au cœur du village catholique de Sugadabadi, dans le diocèse de Kandhamal où une centaine de chrétiens avaient été tués en 2008, et leurs maisons et églises gravement endommagées. Les émeutes, menées par des fondamentalistes hindous, avaient causé la fuite de 55.000 personnes. Cette vague de violence anti-chrétienne est "l'expérience la plus douloureuse de l'Église en Inde", avait notamment confié à Fides l’archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, Mgr John Barwa. Les chrétiens de la région ont vécu une période de "douleur psychologique, d'agonie, de traumatismes, en particulier pour les plus petits" et l'horreur vécue rappelle à quel point "l'intégrisme hindou est cruel envers les chrétiens", affirme Peter Digal, catholique indien, auprès d'AsiaNews.
Le village de Sugadabadi compte 120 familles et le drame vécu en août il y a près de 15 ans est encore gravé dans les mémoires. L'ouverture de ce sanctuaire marial est donc "une occasion de grande joie", témoigne Bijay Mallick, un autre fidèle. "Si nous sommes sains et saufs, poursuit-il, c'est parce que la Vierge Marie nous a protégés des persécuteurs lors des violences de 2008 et parce que Notre-Dame est plus forte que les menaces des intégristes hindous." "La célébration de la fête de Notre-Dame de Fatima dans le nouveau sanctuaire révèle notre foi profonde en Dieu et le pouvoir d'intercession de Marie", renchérit le père Pradosh Chandran Nayak, vicaire général de l'archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, après avoir béni le sanctuaire.
La minorité chrétienne ciblée par des persécutions
La discrimination et les violences contre les minorités religieuses en Inde, chrétienne et musulmane, sont en hausse continue (+220%) depuis l’accession au pouvoir en 2014 du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) de Narendra Modi. L’islam représente 14% de la population indienne et le christianisme 2,3%, soit 30 millions de personnes sur les 1,3 milliard d’habitants. Des lois anti-conversions s’appliquent à ce jour dans 10 États d’Inde, et s’accompagnent d’agressions quotidiennes contre les minorités.