Le 3 mai 1944, Pie XII proclamait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face patronne secondaire de la France, à l’égal de sainte Jeanne d’Arc. Comment aider Thérèse à réaliser cette mission ? Trois pistes sont ici proposées en ce mois de mai qui commémore cet événement.
Demander à Jésus de continuer à se servir de Thérèse
Dans une lettre pleine d’audace que Thérèse écrit à l’abbé Bellière, quelques mois avant sa mort, elle lui glisse ces mots qui, à bien y réfléchir, sont d’une importance décisive (LT 220, 24 février 1897) :
Je serais très heureux si chaque jour vous consentiez à faire pour [moi] cette prière qui renferme tous [mes] désirs : “Père miséricordieux, au nom de notre Doux Jésus, de la Vierge Marie et des Saints, je vous demande d'embraser ma sœur de votre Esprit d'Amour et de lui accorder la grâce de vous faire beaucoup aimer.” […] Si le Seigneur me prend bientôt avec Lui, je vous demande de continuer chaque jour la même petite prière, car je désirerai au Ciel la même chose que sur la terre : Aimer Jésus et le faire aimer.
Ce qui est fascinant, dans cette demande, c’est que, en plus de pressentir que sa mission au Ciel consistera à "aimer Jésus et le faire aimer", elle comprend aussi qu’elle ne pourra pas la mener à bien sans que, sur terre, certaines âmes ne le demandent au Père. Thérèse a fait des merveilles en France au XXe siècle : elle s’est manifestée aux Poilus pendant la Grande Guerre, elle a soutenu des œuvres de charité, elle a converti le cœur des pécheurs, inspiré des grands artistes, éclairé la conscience d’hommes politiques… et elle n’a certainement pas décidé de se reposer au XXIe siècle ! Mais pour cela, elle veut nous faire participer à son triomphe en nous incitant à le demander à Dieu. Pour que Thérèse exerce sa mission de copatronne de la France, nous pourrions donc suivre son conseil en répétant souvent cette prière, ou une autre semblable :
Père miséricordieux, au nom de notre Doux Jésus, de la Vierge Marie et des Saints, je vous demande d'embraser ma sœur [Thérèse] de votre Esprit d'Amour et de lui accorder la grâce de vous faire beaucoup aimer [en France].
Appliquer à la société ce que Thérèse dit de l’âme : offrir ses misères à la Miséricorde
Un autre coup de génie de Thérèse a été de comprendre, d’une manière contemplative, que la meilleure manière d’attirer l’Amour miséricordieux de Jésus n’était pas tant de lui présenter nos vertus, mais plutôt nos misères afin qu’il y répande son Feu : "Pour que l’Amour soit satisfait, écrit-elle, il faut qu’il s’abaisse, et qu’il s’abaisse jusqu’au néant, et qu’il transforme en Feu ce néant" (Ms B, 3v). Cette lumière devrait nous éclairer à propos du point qui nous occupe. Ce ne sont pas les vertus et les qualités des Français, ce ne sont pas les triomphes de la France, qui incitent Jésus à y répandre le feu de sa Miséricorde. Ce sont plutôt ses misères en tant qu’elles sont offertes !
En fidèles disciples de Thérèse, nous ne devrions donc pas désespérer de l’état moral et spirituel de ce pays. Au contraire, c’est parce qu’il est en détresse, parce que ses plaies sont profondes, que Thérèse nous incite à redoubler d’espérance et de confiance. Comme l’écrit Thérèse, "plus on est faible, sans désirs, ni vertus, plus on est propre aux opérations de cet Amour consumant et transformant..." (LT 197). Ce qui est vrai de l’âme, l’est aussi d’une société. Encore faut-il que certains disciples de la "petite voie" présentent à Jésus les misères de la France afin qu’il y répande le Feu dévorant sa miséricorde infinie.
Chercher à apaiser la soif de Jésus… le reste sera donné par surcroît
Mais à la racine de la fécondité de Thérèse, et de sa mission dans le ciel, il y a cette contemplation de la soif de Jésus. Thérèse comprend qu’il est assoiffé d’amour, et qu’il cherche ardemment des âmes qui consentent à accueillir les flots de sa tendresse infinie. Voilà, au final, l’unique souci de Thérèse. Sa mission de copatronne s’éclaire à cette lumière. Son objectif n’est pas d’abord d’apporter aux Français un mieux-être temporel, mais d’offrir à Jésus la consolation de trouver en France des âmes en lesquelles il puisse décharger le poids de son Amour. Le reste sera donné par surcroît et surabondamment. Comme le Seigneur le disait déjà à Thérèse d’Avila : "Occupe-toi de mes affaires, et je m’occuperai des tiennes", la petite Thérèse pourrait nous dire à nous aussi : "Si vous voulez que Jésus fasse des merveilles en France, occupez-vous surtout de Lui, en accueillant son Amour infini. Il se chargera alors, sans que vous ayez à vous en inquiéter, de vos affaires et de celles de la France."
Prions Dieu de continuer à se servir de Thérèse pour qu’elle réalise sa mission de copatronne de la France ; offrons à sa Miséricorde les plaies béantes de ce pays ; enfin, occupons-nous surtout de Lui, en accueillant son Amour infini. Le reste sera donné par surcroît, sans que nous ayons à nous en inquiéter.
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