Dans l’Histoire sainte, Jacob est le frère d’Esaü et le fils de Rebecca et d’Isaac, lui-même fils d’Abraham. Lorsqu’il trompe son père aveugle pour obtenir de lui la bénédiction qui revient de droit à son frère aîné, Esaü (Gn 27), ce dernier s’exclame, révolté, lorsqu’il comprend la supercherie dont il a été victime : "Est-ce parce qu’on lui a donné le nom de Jacob (c’est-à-dire : le Trompeur) que, par deux fois, celui-ci m’a trompé ? Il a volé mon droit d’aînesse et voici que, maintenant, il a volé ma bénédiction" (Gn 27, 36).
Pour fuir la colère de son frère, Jacob trouve refuge chez Laban, son oncle, qu’il sert pendant vingt ans et dont il épouse les filles Léa et Rachel. Celles-ci mettent au monde douze fils, qui ont donné leur nom aux douze tribus d’Israël. A son retour au pays de Canaan, Esaü s’avance vers lui "avec 400 hommes". Effrayé, Jacob tente de s’enfuir. C’est là qu’apparaît "quelqu’un" qui "lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore" (Gn 32, 25) : "L’homme, voyant qu’il ne pouvait rien contre lui, le frappa au creux de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat. L’homme dit : "Lâche-moi, car l’aurore s’est levée." Jacob répondit : "Je ne te lâcherai que si tu me bénis." L’homme demanda : "Quel est ton nom ?" Il répondit : "Jacob." Il reprit : "Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël (c’est-à-dire : Dieu lutte), parce que tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu l’as emporté."" (Gn 32, 26-29).
Un nom qui manifeste un changement d’identité et de vocation
Lorsque Dieu donne un nouveau nom, Il manifeste un changement d’identité et de vocation. C’est ce que reprend d’ailleurs la tradition monastique, lorsque, prononçant leurs vœux, les consacrés reçoivent un autre nom, qui n’est plus celui reçu de leurs parents à leur baptême. Ainsi, suite à son combat, Jacob perd son nom יעקב, qui signifie littéralement le "talon", c'est-à-dire le "tordu" et le "trompeur", pour prendre le nom d’Israël. Si la déformation demeure en Jacob, blessé à la hanche par l’ange à la suite leur combat, elle n’est plus le signe qui le distingue puisqu’il reçoit le nom d’Israël, c'est-à-dire littéralement "celui qui a été fort contre Dieu". Ainsi, ce n’est plus son infirmité, ou sa capacité à tromper qui caractérise Jacob dès lors qu’il entre dans le combat éprouvant, physique et spirituel, mais sa vaillance et sa pugnacité. Il n’est plus tordu dès lors qu’il accepte d’offrir à Dieu son infirmité pour s’en libérer.