Dès leurs fiançailles en décembre 2021, Quitterie et Maximilien portent en eux le désir de vivre une expérience à l’étranger pour construire leur couple. Où, quand, comment, restent de nombreuses questions à éclaircir, mais la semence est déjà jetée en terre.
Alors qu’ils cheminent sur le chemin du mariage, ils vont ensemble passer le réveillon en montagne. Maximilien raconte : "Nous avions prié pour être éclairés sur notre projet, et au cours de ce réveillon, un homme a, par hasard – si on peut dire – partagé son expérience au Kirghizstan. J'étais attiré par ce pays, ses montagnes, ses chevaux. J’y avais même projeté d’y faire une césure au cours de mes études. Lors de ce réveillon, cet homme nous racontait les besoins de ce pays, la précarité qui y règne, la pauvreté de ses habitants", poursuit Maximilien.
Ce témoignage a trouvé un écho dans la recherche de Quitterie et Maximilien. Ils ont gardé les coordonnées de cet homme et ont reçu grâce à lui et son épouse, de nombreux contacts. Le couple imagine mille options, comme commencer par un pèlerinage à Rome, faire la route de la soie et terminer en Asie Centrale. Cependant, alors que le couple prépare en même temps son mariage et ce voyage d’envergure, un prêtre les met en garde. "Il nous a dit que le risque de mener deux projets de cette ampleur de front était de rater l’un des deux… Nous avons donc décidé de nous concentrer sur la préparation de notre mariage. La croissance spirituelle qui s'opère pendant cette période de fiançailles était bien plus grande que ce que j’avais pensé", se souvient Quitterie.
Voyager pour faire grandir leur couple
Laissant leur projet de voyage mûrir, Quitterie et Maximilien se recentrent donc sur la préparation de leur mariage. Leur désir de vivre une expérience forte en couple, comme une fondation de leur histoire, s’approfondit. Il ne s’agit pas d’un voyage pour un voyage, mais bien de voyager pour faire grandir leur couple.
Au printemps 2022, quelques mois avant leur mariage, une cousine mentionne une association, "Mariés sans frontière", qui accompagne les couples et les aide à affiner leur projet de voyage. L’association n’envoie pas les couples à l’étranger, les couples restent libres sur l’organisation de leur voyage, en revanche "Mariés sans frontière" aide les couples à se poser les bonnes questions avant de se lancer dans une telle aventure. Quitterie et Maximilien reconnaissent encore une fois un coup de pouce du Ciel : cette association est exactement ce qui leur faut pour affiner leur projet. Maximilien explique : "L’association met le couple au cœur du voyage, pour vivre quelque chose de fort, qui soude les époux." Et Quitterie de poursuivre : "Nous avons choisi de partir six mois, en faisant en alternance deux mois de volontariat et un mois d'itinérance."
Une liste d'attentes personnelles
"Mariés sans frontière" recommande par exemple d’écrire noir sur blanc les objectifs du voyage et les attentes de chacun, au niveau personnel et pour le couple. "Quand nous avons mis en commun nos attentes, je me suis rendue compte que les objectifs de Maximilien étaient profonds, presque philosophiques, quand les miens étaient très concrets ! Ils ne s’opposaient pas, mais notre approche était différente. Je voulais découvrir une autre médecine, me mettre au service des sans-abris et des enfants handicapés. Maximilien, lui, souhaitait être face à lui-même, déconnecté de son téléphone, en soif d'intériorité", souligne la jeune femme.
Le couple conserve cette trace précieusement pour y revenir périodiquement. Pour Quitterie ce document est comme "une liste à saint Joseph qui se réalise". Pour Maximilien, il faudra un peu plus de recul pour voir tous les fruits. Cependant il s'émerveille déjà : "Nous sommes partis depuis trois mois et nous avons tant reçu, les fruits sont énormes."
Pour l’heure, au mois de juin qui précède leur mariage, l’association conseille de conserver cette liste d’attentes et d’y revenir un mois après leur mariage, de retour de leur voyage de noces. Le couple se marie le 17 septembre 2022. "Ensuite, en octobre, nous avons repris l’organisation concrète de notre projet, alors tout s’est fait rapidement et nous avons pris nos billets aller-retour pour le Kirghizstan", raconte Maximilien.
"Quand nous avons pu nous sentir un peu perdus, stressés par le mariage ou que nous ne savions plus ce que nous voulions, l’association nous a judicieusement conseillé de réfléchir en fonction de nos limites. Nos deux limites étaient le temps et l’argent. Nous avons donc décidé de travailler trois mois avant de partir pour mettre de l’argent de côté pour notre voyage. Nos limites nous ont aussi aidés à focaliser notre choix sur l’Asie centrale", précise Quitterie.
L’entourage de Quitterie et Maximilien s’est beaucoup réjoui de ce projet de couple, de cette expérience qui les fait aussi un peu rêver. Les questions qui ont pu émerger ont permis de consolider les réflexions et les motivations du jeune couple, ce que Maximilien a trouvé rassurant. Il raconte: "Nous venons tous les deux de la région de Lille, nos familles et nos amis sont de cette région également. Partir loin pour construire notre couple a été reçu de façon très positive." D’autant que partir ne veut pas dire être enfermé dans son choix. Maximilien confie "Mon père est malade, maintenir notre décision de partir ou non a été source de longues discussions de couple. Ce n'était pas une décision facile mais nous avons décidé de partir quand même, tout en nous laissant la liberté de rentrer plus tôt que prévu s’il le faut."
Des fruits immenses pour leur vie spirituelle
Aujourd'hui à mi-chemin de leur expérience, Quitterie et Maximilien font un premier bilan. Ils ont passé les premiers mois à Bichkek, la capitale du pays, en servant dans un orphelinat et dans un centre d’accueil pour les personnes en situation de précarité. "Les fruits sont immenses pour notre vie spirituelle", raconte Maximilien. "Un prêtre nous avait donné des conseils que nous peinions à mettre en place quand nous travaillions avant notre départ. En ce moment nous avons du temps pour notre couple, nous prenons le temps de prier à deux, d’avoir une vie d’oraison quotidienne, en couple. Nous espérons que cette habitude prise pendant six mois restera à long terme, bien après notre retour. C’est magnifique, et c’est très fort."
Quitterie poursuit : "Nous sommes H24 ensemble, alors nous apprenons à dialoguer. Quand la journée est difficile, nous prenons le réflexe d'échanger sur nos émotions. Nous nous découvrons mutuellement dans ce projet commun, nous découvrons personnellement de nouveaux talents, nous découvrons en l’autre de nouveaux talents."
Nous sommes constamment dans la découverte de l’autre.
"Même sur la partie itinérance, nous apprenons à mieux nous connaître", continue Maximilien. "Que cherche-t-on quand on découvre un nouvel endroit ? En allant en itinérance en Ouzbékistan, magnifique pays, très touristique, nous cherchions avant tout la rencontre avec l’autre. Le hasard de ces rencontres nous a amenés à découvrir un village pour permettre à certains habitants de pratiquer leur anglais ! Nous avons vécu des choses incroyables, participé à la fête nationale, assisté à un mariage. Au cours du triduum pascal, nous avons chanté ensemble l’exultet alors que nos voix ne s’accordent pas facilement, la mienne est aiguë, celle de Quitterie plutôt grave. Nous étions super heureux de découvrir que nous pouvions chanter ensemble." Quitterie acquiesce : "C'était encore une nouveauté pour notre couple ! Nous sommes constamment dans la découverte de l’autre."
Cette expérience soude leur couple, Quitterie et Maximilien ont d’ailleurs décidé de partager leur aventure à leurs familles grâce à l’application Polarsteps. "Nous espérons ouvrir de nouveaux horizons aux personnes autour de nous. Et prendre le temps de mettre des mots sur ce que nous vivons nous aide à éclairer notre propre chemin", partage Maximilien.
Il reste trois mois à Quitterie et Maximilien dans ce beau pays du Kirghizistan, pays dont les habitants les touchent par leur simplicité, leur hospitalité et leur spontanéité à rendre service. "La population est essentiellement musulmane, mais cela n’est pas une barrière, par exemple cela ne nous empêche pas de prier ensemble avant le repas", confie Quitterie.
Quitterie et Maximilien ne savent pas ce que la vie leur réserve, mais cette expérience sera très probablement fondatrice pour leur couple, un socle sur lequel ils pourront s’appuyer pour façonner la vie qu’ils espèrent, en continuant à accueillir les coups de pouce du Seigneur.