Que de motifs de contemplation dans cette page d’Évangile de l’Annonciation ! À l’aube du salut, dans la lumière d’un matin de Galilée, un ange porta l’annonce à une vierge. À l’humilité d’un Dieu qui s’apprête à se faire homme, répond l’humilité radieuse de celle qui ne tremble pas devant sa propre petitesse, toute confiante qu’elle est dans la puissance de Dieu. Dieu se fait homme ! Inouï de l’infini qui investit notre contingence humaine jusqu’à ses moindres recoins. Pour devenir un homme, il fut aussi adolescent, obéissant à des parents humains, descendant à Nazareth, et "leur étant soumis". Il fut avant cela aussi nouveau-né, et voici que de ce Dieu qui voulut tout ressaisir en son amour sauveur, on a changé les langes. Évidemment — mais le médite-t-on assez ? ce Dieu qui visita tout de notre développement humain, se fit avant tout cela et avant sa naissance, enfant embryonnaire.
De notre petitesse, il voulut tout connaître
Jésus adolescent connut l’obéissance, l’Enfant-Jésus connut la dépendance, mais c’est encore Jésus-Embryon qui manifesta le plus que, de notre petitesse, il voulut tout connaître. Si une mère qui attend un enfant s’émeut de l’extraordinaire croissance du petit être qui prend forme en elle… quelle ne fut pas l’émotion de la Vierge Marie ! Elle savait d’un ange qui était cet enfant, et qu’"Il règnera pour toujours". Au fil des neuf mois, il n’est pas exagéré de dire, un peu trivialement, qu’elle a "intériorisé" le mystère de l’Incarnation…
C’est à l’âge de la vie où nous sommes le plus petit, et aussi le plus dépendant et le plus vulnérable, que Jésus nous ressembla le plus, physiquement.
Mais pour nous aussi, aux jours de l’Annonciation, Jésus-Embryon est bouleversant de proximité. Les personnes adultes ont beaucoup en commun et l’on a raison de dire qu’ils sont des semblables. Mais cette ressemblance est toujours plus aiguë en remontant les âges de la vie. Deux nouveau-nés sont similaires au point de pouvoir être confondus. Et je mets au défi de distinguer entre eux deux enfants embryonnaires sur leur échographie ! Ainsi, c’est à l’âge de la vie où nous sommes le plus petit, et aussi le plus dépendant et le plus vulnérable, que Jésus nous ressembla le plus, physiquement. À s’y confondre. C’est dans mes pauvretés que Jésus me rejoint de plus près.
"Enseigne-nous à nous accepter si petits"
Par là nous apprenons à ne plus Lui masquer nulle de nos petitesses, à Lui présenter toutes nos fragilités. N’a-t-il pas déjà déjoué toutes nos prétentions de grandeur ? En se calfeutrant neuf mois en la virginité intacte de l’Immaculée, le Seigneur de tout ce qui existe a partagé notre cécité prénatale, notre attente de cette vie extérieure dont nous ne savions rien.
Petit fœtus qui porte le salut, si semblable à nous, visiteur et sauveur de toutes nos précarités, enseigne-nous à nous accepter si petits et à nous laisser emplir de ta grandeur. Alors, au terme de cette vie dans ce monde étroit comme un sein maternel, nous verrons enfin le jour dans la lumière véritable où le Père nous reconnaîtra comme vrais enfants de Dieu.