Sainte Thérèse d’Avila parle de « douleur de l’âme » pour tout ce qui nuit et afflige dans la tristesse, où tout se garde pour soi et accable davantage de ce fait. Extériorisée, l’âme est dispersée au dehors et la douleur certes diminuée, mais pour des plaisirs illusoires et passagers si la cause de la tristesse subsiste. Les romantiques se plaisent à cette émotion un peu narcissique chez eux et l’appelle le spleen, mélange d’ennui et de mélancolie. « Le moi est haïssable » constate Pascal, qui veut dire qu’il vaut mieux se tourner vers Dieu, vrai centre de notre vie.
Psychologiquement, la tristesse se loge sur une perte, quelle qu’elle soit. Elle sert dans un deuil à dire « au revoir » pour se tourner vers quelqu’un d’autre. « Mon âme est triste à en mourir » dit Jésus aux apôtres à Gethsémani (Mt 26, 38), et il sortira de son agonie en se tournant vers son Père, passant de la tristesse à la piété, honneur dû à Dieu.
La piété peut se définir comme tout ce qui détourne de soi pour aimer Dieu, ses parents ou sa patrie avec les actes qui l’accompagnent. Croyant et pratiquant comme un tout. Ainsi la piété vient donner du sens à la perte en faisant retrouver un attachement nouveau à Dieu, à quelqu’un, à une cause. « Heureux les affligés, car ils seront consolés » (Mt 5, 5). Littéralement, consolés car désormais plus seuls dans leur compagnie avec le Seigneur. Beaucoup de veufs et d’esseulés retrouvent la foi et sa pratique. Leur piété a vaincu leur tristesse.
La piété se manifeste par des gestes, par de l'amour fervent pour Dieu. Quand Marie-Madeleine vient en pleurs aux pieds de Jésus, sa piété et son amour du Maître la remplissent de joie. Tous les « fols » en Christ et les amoureux du Seigneur sont débordants de joie. Le Royaume n’admet plus la tristesse à son entrée, car la perte est compensée largement par la vision de celui qui nous comble.