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Comment accueille-t-on les prêtres étrangers en France ?

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Cécile Séveirac - publié le 09/03/23
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Une session de formation "Welcome", organisée par la Conférence des évêques de France, s’achève ce vendredi 10 mars. D’une durée de cinq jours, elle a pour objectif de former les prêtres étrangers aux spécificités de l’Église en France et de favoriser leur intégration. Responsable de cette formation, le père Élie Delplace en décrypte les enjeux pour Aleteia.

Ils sont entre 2.000 et 3.000 en France. Eux, ce sont les prêtres Fidei Donum. Mis à la disposition de diocèses d’autres continents, ils viennent exercer temporairement leur ministère pastoral en France. Ils restent donc attachés à leur diocèse d’origine et y reviennent après plusieurs années passées en mission. L’Église catholique en France propose chaque année des sessions de formation pour accueillir ces prêtres. D’une durée d’une semaine, elles ont pour but de présenter la culture française aux prêtres et de faciliter leur intégration dans la société et l’Église en France. Alors que l’une d’entre elles s’achève ce vendredi 10 mars, Aleteia a échangé avec le père Élie Delplace, responsable de l’accueil des prêtres et religieux étrangers en service pastoral en France depuis deux ans.

Aleteia : Quelle est la raison d’être de cette formation ? 
Père Elie Delplace : Cette formation s’inscrit dans le prolongement de l’encyclique Fidei Donum (Le don de la foi) du pape Pie XII. Dans ce document, le Pape invitait les évêques du monde entier à porter "le souci de la mission universelle de l’Église", en mettant prêtres et fidèles à la disposition de diocèses d’autres continents. À l’époque, le mouvement s’est fait du Nord vers le Sud. On n’avait pas vraiment envisagé l’inverse. Pourtant, à partir des années 1990, ce sont principalement des prêtres africains qui sont venus vers l’Europe. Il y a une véritable dimension prophétique de ce texte qui donne une impulsion au mouvement missionnaire. Les échanges et la rencontre font partie de notre monde contemporain et sont à mon sens essentiels. L'Église est de l’ordre de l’ouverture. On est parfois tentés de se replier sur son propre monde. Cette formation est justement l’occasion de se rappeler que l'Église catholique est totalement ouverte, à la fois sur son territoire mais aussi au monde extérieur. 

Quel est le dispositif exact mis en place par l’Église en France pour permettre cet accueil ?  
Concrètement, deux églises locales dans deux continents distincts entrent en contact via les évêques. Il y a donc un diocèse qui envoie et un qui accueille. Beaucoup de diocèses finissent même par développer des partenariats ou des jumelages, ce qui permet de faciliter l’échange. Si les prêtres Fidei Donum retournent la plupart du temps dans leur pays d’origine après leur temps de mission en France, certains peuvent être incardinés sur décision de l’évêque. Dans ce cas précis, le prêtre étranger devient le prêtre du diocèse dans lequel il a été envoyé. C’est une réalité qui devient de plus en plus importante avec le temps. 

En fonction des diocèses, les prêtres Fidei donum représentent entre 10 à 50% du presbyterium.

Une fois en France, les prêtres reçoivent cette formation. Cela fait environ 15 ans que la cellule "Accueil" de la Conférence des évêques de France propose cette formation, qui s’organise en trois étapes. Tout d’abord, la session "Welcome", intitulée en anglais pour la différencier de la session "Bienvenue" quant à elle proposée à des prêtres français qui reviennent de l’étranger. Après trois ans de ministère en France, il y a la deuxième étape, la session "Échange" pour revenir sur l’expérience vécue au cours des trois années écoulées. Enfin, avant le retour au pays d’origine, la session "Retour- Relecture" prévoit une rétrospective sur le séjour en France, avec ses réussites et ses difficultés. 

À quoi exactement vont être formés les prêtres étrangers et dans quel but ? 
Il faut tout d’abord rappeler que la session est limitée dans le temps, nous n’avons que cinq jours. Il y a des temps d’enseignement qui visent à proposer à la réflexion des enjeux importants pour l’Église en France et ses catholiques. Par exemple, les thèmes de la laïcité, de la jeunesse chrétienne actuelle, de la pédocriminalité, etc. Des intervenants extérieurs donnent des points de repère sur ces sujets de société. Et évidemment, la dimension spirituelle est fondamentale : beaucoup de temps de prière sont organisés (laudes, vêpres), et nous célébrons la messe ensemble quotidiennement.  

Il y a toujours quelques incompréhensions sur lesquelles on se bute,  mais elles ne peuvent pas cacher la richesse de ces échanges.

Quelle est la proportion de prêtres étrangers en France ?
Nous n’avons pas de statistiques précises ni de recensement. En fonction des diocèses, les prêtres Fidei donum représentent entre 10 à 50% du presbyterium. Si l’on devait donner une estimation, il s’agirait de 2.000 à 3.000 prêtres en tout. 

Quelles nationalités sont présentes pendant cette session de mars ? 
Nous avons 38 participants dont deux religieuses qui viennent d’Afrique (Burkina Faso et Sénégal). Sur les 36 prêtres, la grande majorité est issue du Bénin et du Congo-Kinshasa, donc d’Afrique francophone. Un prêtre vient du Vietnam, un d'Amérique-Latine, et un de Slovaquie. 

C’est la rencontre avec le Christ, à travers ces échanges, qui prime.

Avez-vous été témoin de difficultés dans cette initiative d’intégration au sein des paroisses et diocèses de France ? 
Il y a toujours quelques incompréhensions sur lesquelles on se bute,  mais elles ne peuvent pas cacher la richesse de ces échanges. Un temps d’adaptation est souvent nécessaire et le choc culturel ou relationnel est inéluctable, dans un sens comme dans l’autre. Malgré tout, je suis persuadé que c’est la rencontre avec le Christ, à travers ces échanges, qui prime.

Pourquoi réaliser une session à Lisieux en particulier ? 
Lisieux est un endroit symbolique avec le patronage de Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui est la sainte patronne des missions. C’est un véritable repère spirituel. Le 9 mars après-midi, nous effectuons un pèlerinage destiné à nous mettre sur les pas de la petite Thérèse. C’est une vraie grâce pour les participants.

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