État de l'esprit qui s'abandonne à des pensées vagues, chimériques, virtuelles, la rêverie ou son synonyme la songerie, est une forme atténuée de la tristesse. Le songe est parfois nécessaire, agréable, parfois lieu de révélation ou grâce passive où Dieu vient nous visiter. Joseph, l’homme aux songes en fait une forme de prophétie. Si le Seigneur parle dans les songes, le Malin s’y complaît également.
Mais il n’y a pas de raison de rêver pour écouter Dieu, car la grâce est dans le réel, toujours supérieur au virtuel. La rêverie peut être fuite de la réalité, fantasme, envie d’autre chose, voire quelqu’un d’autre dans la vie conjugale. On connaît le spleen des romantiques, entretenu pour échapper à la dure réalité.
Voilà pourquoi on combat la rêverie par l’authenticité, la recherche de vérité. Est vrai ce qui est objectif, extérieur à nous-mêmes et non façonné par notre imagination. La réflexion n’est pas la rêverie, car elle s’appuie sur l’intelligence, celle du cœur ou de la foi, en plus de l’intellect. Les gens intelligents ne sont pas toujours dans la vérité et peuvent s’égarer dans des rêves fous. "La vérité nous rendra libres", selon l’Évangile de saint Jean, libres de nos divagations, de nos fantasmes entretenus dans nos songeries. Il n’y a pas de béatitude prévue pour les rêveurs, toutes les béatitudes sont pour les réalistes et ceux qui cherchent Dieu qui n’est pas dans les rêves, même s’il emprunte les rêves pour parler. L'Écriture dit au contraire que le songe est éphémère, trompeur, fragile et s’évanouit avec le matin et qu’il faut bien faire attention pour interpréter les songes. L’Évangile privilégie les apparitions, plus réelles, et le paradis n’est pas un grand rêve mais une promesse réelle, authentique.