Être distrait nous arrive souvent et subrepticement. La distraction nous éloigne de notre devoir d’état, elle nous tire loin de l'endroit où l'on devrait être. Elle est une diversion, un simple manque d’attention. Souvent nécessaire et légitime en tant que divertissement, amusement, loisir, à condition qu’il soit sain et participe à notre bien comme détente, renouvellement, ou enrichissement, la distraction peut défaire la personne, voire "l’éclater" comme les jeunes disent "s’éclater" dans leurs distractions. Celles-ci défont l’unité de la personne. Un peu de divertissement la repose, beaucoup la disperse.
C’est là que l’abstinence bien comprise trouve toute sa place. Au sens premier, elle est une soustraction d'aliments, parfois simple discipline pour se libérer de toute forme de dépendance, tabagisme ou alcool, ou régime amaigrissant.
L’abstinence est réglée par la raison. Elle est un habitus et un acte de vertu. Lorsqu'il fait abstinence, l'homme devient plus fort contre les attaques de distractions devenues folles, car celles-ci seront d'autant plus puissantes qu’il leur cède davantage. Pensons aux smartphones et à leur pouvoir addictif si fort. On sait combien ils nous font passer facilement du statut de maîtres à esclaves, combien les écrans nous coupent des autres, et combien ils nous déséquilibrent en diminuant le temps consacré au sport, à la culture par les livres, aux rapports sociaux, et prenant sur le temps dédié à son conjoint, à ses enfants ou à la prière ! Tous les divertissements sur internet sont-ils vraiment destinés à notre bien ?
L’abstinence est une partie de la tempérance, vertu cardinale, qui modère les appétits excessifs pour nous rendre plus forts et plus libres, et donc plus heureux. Ce qui paraît provoquer un manque nous ramène en réalité à l’essentiel. Ce qui nous distrayait s’évanouit devant la bonne mesure, choisie comme chemin de sainteté et donc de bonheur.