Autour de nous et en nous, trop souvent : l’agitation, l’inattention, le blasement, la fuite du temps, du présent, l’endurcissement, les "to do" liste, les choix plats ou maladroits, le moral raplapla. Mais aussi ces quêtes et ces aspirations si profondes et si humaines qui habitent chacun d’entre nous : le désir de bon, de bien, de beau… D’être plus, mieux, heureux. D’apprendre, de progresser. De se donner, servir, orienter sa vie. De vivre vraiment, ici et maintenant, au milieu de cet appel à la vie qui nous envahit, malgré tout et malgré nous.
Le don de science
Dans un monde assoiffé de sens et d’espérance, trop souvent désorienté par la tentation de maîtrise et de possession, il y a un secret, une "science" éternelle de la vie à (re)découvrir aujourd’hui : la grâce et la puissance de l’émerveillement. Antidote souverain contre le désenchantement et le cynisme qui gangrènent notre temps. Pour Socrate, "la sagesse commence dans l'émerveillement". L’émerveillement est au commencement de tout. En plongeant dans ce thème éblouissant, il m’a été donné d’entr’apercevoir quelque chose de si beau, que j’ai envie de nous le prescrire maintenant, à moi aussi, sans la moindre peur, car il n’y a aucun risque de contre-indication, d’intoxication ou de pénurie. L’émerveillement est là. À portée de Souffle.
Le don de science est plus simple que ne le laisse trop souvent croire son nom.
La bonne nouvelle est que cette science-là, don de l’Esprit, n’est réservée ni aux sages ni aux savants. Ni aux enfants, ni aux gâtés-de-la-vie. Elle est cette sorte d’intuition qui nous précède et dont nous avons tous déjà perçu la présence et la force agissante aux coins de nos vies. Elle est cette inspiration, cette grâce qui aspirent à se donner à travers chacun de nous, quels que soient nos dons ou ce que nous faisons. Dans l’éclat comme dans la discrétion, dans les petits biens et petits riens d’amour du quotidien. Le don de science est plus simple que ne le laisse trop souvent croire son nom. Il est ce travail de la Grâce dans notre vie, dès lors qu’on lui ouvre la porte et qu’on lui dit tout simplement "viens, entre chez moi". Il est ce flair spirituel qui déblaye devant nos pas et nous fait discerner entre ce qu’il nous faut chercher ou fuir, ce qu’il nous faut aimer ou haïr. Là où il nous faut voir grand — car rien n’est impossible à Dieu —, là où il nous faut rester petits — car nous ne sommes ni parfaits, ni tout-puissants.
La grâce de voir
Ce don de l’émerveillement, c’est tout ce qui donne à notre âme de voir, de voir vraiment. À notre cœur d’écouter, d’écouter vraiment. C’est le sens des sens. Celui de l’espérance. De la joie parfaite. Celui qui donne de voir la réalité au-delà de ce que je sais et de ce que je vois, au-delà de la nature et de ses lois. Il est pour tous. Il préserve nos yeux de perdre cette grâce de s’ouvrir à chaque fois sur le monde comme si c’était la première fois. Il est ce frémissement, qui nous saisit, dans la banalité comme dans l’extraordinaire de nos vies, et qui plante une graine d’enthousiasme qui, délicatement, vient dévier notre trajectoire, nous souffler un nouvel élan, donner une consistance, une épaisseur et une profondeur différentes à tout ce qui nous entoure, vit en nous et autour de nous. Il n’est pas tonitruant. C’est une brume légère. Une note. Un froissement. Un parfum dans le vent. Une alchimie de l’instant. Tout en nous transportant ailleurs, il intensifie notre présence au monde, sublime la réalité en nous faisant tout simplement mieux apprécier ce qui est. Il ne rend pas l’ordinaire merveilleux mais donne de voir le merveilleux dans l’ordinaire, le nouveau dans le familier, le possible dans l’existant.
Je crois que notre monde crève de son manque d’espérance. Tant de maux de notre temps s’évanouiraient si seulement cette disposition aux dons de l’Esprit Saint servait. En eux réside ce qui pourrait panser tant de blessures et permettre de penser les moyens de s’en prémunir. L’espérance comme l’émerveillement donnent de ne jamais perdre goût à la vie. De toujours aimer suffisamment le monde pour garder vivant ce grand désir de l’embellir. Le chemin n’est pas facile. Mais au fond, il est très simple.
Pratique :