Quand on fait des recherches dans les livres ou revues d’histoire, les définitions du mot relique sont bien précises. Le mot latin reliqua désigne les restes corporels, ceux du Christ ou des saints et des saintes ou des objets qui les ont accompagnés pendant leur vie ou au moment de leur supplice. Elles sont considérés comme sacrées, et font souvent l’objet d’un culte ou d’une dévotion particulière. Comme précise la Congrégation des causes des saints dans une instruction publiée en italien, le 16 décembre 2017 sur Les reliques dans l’Église : authenticité et conservation, "les reliques doivent être conservées dans des lieux sacrés et vénérés par le culte."
L’âge d’or et ses abus
L'âge d'or du culte des reliques est sans aucun doute le Moyen-Âge. Les reliques suscitent alors une vénération très forte. Elles sont à l’origine des pèlerinages. Si on part à Compostelle par exemple, c’est pour approcher le tombeau de l’apôtre saint Jacques et visiter sur le chemin les autres sanctuaires qui abritent d’autres reliques (Sainte-Foy de Conques, Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Martial de Limoges…). Installées dans une crypte ou dans le chœur, elles sont conservées dans des reliquaires aux multiples formes qui font partie des chefs-d’œuvre de l’artisanat médiéval. À l’époque, la présence de reliques dans une ville ou un sanctuaire est un signe de prestige et de protection. Pour cette raison, de nombreux abus sont apparus, et à côté des reliques authentiques, de nombreuses fausses reliques ont été également vénérées.
La relique illustre à sa façon particulière le mystère insondable et inépuisable de l’Incarnation.
C’est ce que rappelle Christiane Rancé dans son Dictionnaire amoureux des saints : "Il y eut, comme partout, des faussaires et des ecclésiastiques douteux. Mais réduire la mode des reliques à un trafic et une supercherie, et leur vénération à un catalogue de superstitions, c’est offrir à l’analyse un tableau sous la forme d’un puzzle, sans jamais en présenter la vue d’ensemble", constate-elle. Pour saisir ce phénomène dans sa vérité, il est important d’évoquer la foi ardente dans quoi baignait tout ce haut Moyen-Âge. "La relique illustre à sa façon particulière le mystère insondable et inépuisable de l’Incarnation", explique Christiane Rancé. Par son sacrifice, le saint témoigne de sa foi en la résurrection des corps. Alors, les corps des saints seraient "configurés au corps du Christ dans la gloire de la Résurrection, comme l’assure saint Thomas d’Aquin", écrit-elle.
Prôné par saint Thomas d’Aquin, cet encouragement à vénérer leurs reliques a été encadré par le concile de Trente, puis par le concile de Vatican II. Ce dernier confirme la tradition qui veut que "les saints soient l’objet d’un culte dans l’Église, où l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images."
Quatre classes des reliques
L'Église catholique définit quatre classes des reliques en fonction de leur préciosité et du caractère exceptionnel qu'elles représentent.
Reliques de classe I :
Objets directement associés à des événements de la vie du Christ (la Sainte Croix, la Grotte de la Nativité, le Berceau sacré, etc.)
Reliques de classe II :
Objets portés par le saint (tunique, gants, etc.). Sont également inclus les objets que le saint utilisait habituellement de son vivant, tels qu'un crucifix, des livres, des étoles, etc.
Reliques de classe III :
Tout objet ayant été en contact avec des reliques de classe I, c'est-à-dire des reliques du Christ (Saint Suaire, pierre du Saint Sépulcre, etc.) et des reliques dites "ex linteis" (morceaux de tissu ayant été en contact direct avec le corps d'un saint).
Reliques de classe IV :
Il s'agit généralement de morceaux de tissu ou d'objets religieux (médailles, chapelets) qui sont entrés en contact direct avec un objet du saint. Par exemple : un mouchoir qui a été passé dans la grotte où est apparu saint Michel Archange.