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Comment sécuriser les églises ?

Église saint Polycarpe Lyon
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Bérengère de Portzamparc - publié le 13/01/23
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Entre 700 et 900 actes de vandalisme ou de profanation dans une église sont recensés chaque année en France. Récemment, quelques diocèses ont nommé des responsables de la sécurité pour répondre à ce fléau. Celui de Lyon livre ses recommandations.

Incendies, vols, dégradations, mise en danger, l'actualité en témoigne, les risques ne manquent pas dans les ERP (établissements recevant du public) que sont les églises selon la nomenclature des autorités civiles. Alors comment assurer la sécurité de ces bâtiments tout en respectant leur mission première, lieu de culte et d’accueil de tous ? Aleteia a interrogé Dominique, le responsable sécurité du diocèse de Lyon, un poste créé sur mesure en 2021. L'ancien gendarme livre quelques pistes, "de bon sens et applicables par tous" pour éviter drames et vols. 

Bien ouvrir et bien fermer

"Une église ouverte doit aussi être une église bien fermée !", explique pour commencer ce spécialiste de la sécurité. “Lorsqu'on ouvre une église pour permettre aux gens d'y entrer dans la journée, cela ne veut pas dire que tous les accès doivent l'être aussi : accès au clocher, sacristie, petite salle de rangement, etc. Ces salles doivent être fermées au public et accessibles, sous clé, aux responsables ou bénévoles, qui ont besoin d'y accéder". Le plus grand nombre de vols dans les lieux de culte sont des vols commis “par enfermement”, c'est-à-dire que le voleur se cache, dans un des nombreux recoins accessibles d'une église, et s'y laisse enfermer le soir. D'où l'importance de ne pas laisser accès à toutes les salles de l'église en journée.

L'autre conseil indispensable est d'assurer chaque soir le "tour de sécurité" que font, normalement, les personnes travaillant dans des établissements recevant du public. C'est plus délicat pour une église qui est ouvert bien souvent par des paroissiens ou des voisins du sanctuaire : "Cela ne demande pas beaucoup de temps ni d'argent, mais peut éviter bien des déconvenues, souligne Dominique. "On s'équipe d'une bonne lampe de poche puissante, et on fait le tour des coins et recoins avant de fermer, au fur et à mesure, les portes et autres accès au clocher, à la sacristie, etc".

Caméra, musique et lumière

L'idée peut faire frémir. Etre sous vidéosurveillance à la messe. Et pourtant, l’installation de caméras et d’une alarme limite le nombre de vols assure Dominique : “Les malfaiteurs savent vite repérer s’il y a un risque d’être filmé, et ils s’en vont”. Il en va de même pour les pickpockets, bien plus nombreux qu’on ne l’imagine. “Dans ce cas là, encore une astuce simple, demander aux bénévoles de l’équipe accueil chaque dimanche, de circuler discrètement à l’intérieur de l’église, mais également à l’extérieur, sur le parvis, en étant attentif aux passants, à ceux que l’on n’a jamais vu, c’est assez facile, une fois qu’on est attentif, de repérer rapidement des pickpockets et eux savent vite aussi partir s’ils se sentent regardés”. Autre "astuce" à défaut de caméras, laisser un fond musical en journée ou quelques lumières judicieusement allumées afin “que le visiteur mal intentionné ait l’impression qu’il y a une présence, du passage et que quelqu’un peut arriver à tout moment, de la sacristie ou d’ailleurs”.

Mettre des alarmes, des caméras, ou des vitrines sécurisées pour les objets précieux, passe pour des outils efficaces, “mais il ne faut pas oublier l’importance de l’humain”, reprend notre professionnel de la sécurité. “Des gens formés, sensibilisés aux risques, attentifs aux règles peuvent considérablement faire baisser les chiffres actuels de vols ou de dégradations” assure Dominique qui ne compte pas ses heures pour former et partager ses bonnes pratiques à tous ceux qui l'appellent. “Il faudrait que tous les diocèses de France se dotent d’un responsable sécurité !”, insiste-t-il. 

Et qui finance ? 

Depuis 2007, le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) permet aux lieux de culte d’obtenir des subventions de l’Etat pour assurer leur mise en sécurité. Et ce fonds, en 2022, aurait alloué près de cinq millions d’euros : “Bien sûr, cela demande du temps, il faut monter un dossier détaillé et chiffré, le déposer en préfecture à une date précise dans l’année, et attendre deux à trois mois la réponse puis le versement, mais quand cela fonctionne, l’Etat prend en charge tout de même 80% du montant, cela vaut le coût !”, reprend le responsable sécurité de Lyon qui a pu, par ce dispositif, faire sécuriser une centaine d'églises de son diocèse.

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