Ce pourrait être une messe de requiem comme les autres. Et, pourtant, la célébration qui a lieu ce mardi 10 janvier au Saint-Sépulcre est loin d'être commune. Depuis le XIXe siècle, le statu quo qui régit la vie de la basilique occupée par différentes confessions chrétiennes prévoit en effet qu'une messe soit dite sur le tombeau du Christ pour le pontife défunt.
Pourquoi confier les morts à Dieu sinon parce que, la mort ayant été vaincue par la résurrection du Fils, les défunts sont appelés à la béatitude ?
En revanche, si la couleur liturgique est celle du deuil papal, le rouge du témoignage, du don total et de l’Esprit saint, les lectures sont celles de la Résurrection. Un choix qui n’est pas surprenant dans cette église de l’Anastasis comme elle est appelée en grec puisque, si le tombeau est aujourd’hui vide, c’est bien parce que le Christ est vivant. Voici la foi de l’apôtre Jean dans l’évangile du matin de Pâques : "Il vit, et il crut" (Jn 20, 8).
Une même prière pour une même foi
Prier pour Benoît XVI, pour qu’il soit accueilli avec tendresse auprès du Père, manifeste en fait la même foi. Pourquoi confier les morts à Dieu sinon parce que, la mort ayant été vaincue par la résurrection du Fils, les défunts sont appelés à la béatitude ? A défaut de le voir encore, c’est l’espérance qui le fait voir, et croire. Comme Marie-Madeleine accourant au tombeau à l’aube d’un jour nouveau, le custode de Terre sainte a présidé l’eucharistie, que l’aube éternelle recouvre les ténèbres de la disparition.
Conformément au statu quo, cette messe est aussi l’occasion d’un rassemblement peu ordinaire dans une église. En effet, tout ce que Jérusalem compte d’autorités ecclésiastiques de toutes les confessions chrétiennes représentées dans la Ville sainte et d’autorités civiles et consulaires, elles aussi fort nombreuses, sont convoquées au pied de l’édicule qui abrite le lieu où Jésus fut enseveli.
Ouvrant leur livret de messe, rouge comme il se doit, chaque invité pourra méditer sur les paroles que Benoît XVI, en 2009, avait prononcées devant ce même édicule. Maintenant qu’il est mort, elles sonnent comme un message adressé à tous ceux qui, dans l'Église, prient pour le repos de son âme :
"Le tombeau vide nous parle d’espérance, de l’espérance qui ne déçoit pas parce qu’elle est don de l’Esprit de vie (cf. Rm 5, 5). C’est là le message que je désire vous laisser aujourd’hui, à la fin de mon pèlerinage en Terre Sainte. Que l’espérance se lève, toujours nouvelle, par la grâce de Dieu, dans le cœur de toutes les personnes qui demeurent sur ces terres !"