Pour Pawel et Krysia, instituteurs trentenaires et parents de deux filles en bas âge, impossible de célébrer Noël la veillée du 24 décembre sans chanter des chants dont la plupart sont traditionnels, ou populaires, ou encore inspirés du folklore préféré des polonais, celui des montagnards. Originaire de Cracovie (au sud de la Pologne), le couple tient à cultiver cette vieille tradition qui se prolonge jusqu’à la fête de la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février. "Quand toutes les générations confondues, enfants, parents, grands-parents, cousins et amis, se mettent à chanter ensemble les chants de Noël, j’ai l’impression que la joie de la Nativité se propage avec une force inouïe. La musique, le chant ont ce pouvoir extraordinaire : non seulement "on prie deux fois" mais aussi on transforme toutes les petites tensions ou fatigues familiales en éclats de joie". C’est ce que confie Krysia à Aleteia, qui répète depuis quelques jours sur son piano les meilleurs morceaux de sa "playlist de Noël".
700 chants depuis le Moyen Âge
C’est en effet l’une des traditions préférées des familles polonaises, à tel point qu’elles lui sont fidèles dans toutes les parties du monde où s’est répandue son immense diaspora. C’est le moment le plus attendu : celui de chanter les chants de Noël, les Koledy en polonais, dès les premiers scintillements des étoiles, quand vient la nuit de Noël…
Leur tradition remonte au Moyen Âge. Ils apparaissent sous forme d'hymnes religieux chantés en latin. Ils deviennent très populaires au XVIIe siècle. Selon les archives, environ 700 sont alors écrits. Le chant le plus ancien, "Zdrów Badz, Krolu Anielski", remonte au XIIe siècle. Il est encore chanté aujourd'hui :
Le chant préféré de Jean Paul II
Nous sommes en 1981, à Rome, à Noël 1981 : des amis venus spécialement de Pologne, mais aussi des étudiants polonais suivant des cours à Rome, sont invités par Jean Paul II au Palais apostolique pour la traditionnelle veillée des "Koledy". C’est le Pape qui donne le tempo en choisissant les chants auxquels il est particulièrement attaché. À un moment, il entonne la berceuse datant du XVIIIe siècle "Oj Maluśki, Maluśki" (Mon petit, mon petit). Sa voix porte, il connaît tous les versets par cœur, les autres suivent. Mais soudainement, il surprend tout le monde en prolongeant les paroles et en composant à l’improviste quatre nouvelles strophes. Pleines d’humour, elles réjouissent l’assistance. La soirée se prolonge ainsi tard dans la nuit… Tradition oblige.