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[HOMÉLIE] Tous appelés à être immaculés devant le Christ

MARY IMMACULATE
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François-Marie Humann, o.praem - publié le 07/12/22
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Le père abbé de l’abbaye prémontée Saint-Martin de Mondaye commente les lectures de la solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Si Marie est immaculée dans sa conception, nous sommes tous choisis pour être immaculés devant le Christ, appelés à participer au projet de Dieu pour toute la Création.

La vie des saints est fréquemment marquée par un amour concret pour la Vierge Marie, qui est présente dans leur existence, souvent de manière discrète, à des étapes charnières de leur croissance humaine et spirituelle. Pensons par exemple au sourire de la Vierge à sainte Thérèse de Lisieux, qui l’aide à dépasser l’épreuve douloureuse du deuil de sa mère. À notre tour, osons "prendre Marie chez nous", comme l’ange y invite saint Joseph, en songe. En la fête de l’Immaculée Conception, trois pistes sont offertes pour entrer dans ce mystère, les trois lectures de la liturgie de la messe : la Genèse, la lettre aux Éphésiens et l’Évangile de saint Luc. La Genèse donne une réponse par la négative, en quelque sorte : que se passe-t-il quand le péché survient ? Saint Paul présente une réponse de manière positive : être immaculé, c’est correspondre au projet de Dieu pour nous. L’Évangile enfin sort de l’abstraction pour méditer sur l’Immaculée Conception à sa source, pour ainsi dire, dans le Fiat de Marie à l’Annonciation. Reprenons successivement ces trois pistes.

Sortir de l’enfermement de l’accusation

La Genèse évoque la première conséquence du péché : un jeu de justification et d’accusation qui déresponsabilise l’être humain. "Ce n’est pas moi, c’est la femme", dit Adam (Gn 3, 12). "Ce n’est pas moi, c’est le serpent", répond Ève (v. 13). Et finalement, de manière sous-entendue pour l’un comme pour l’autre : "C’est la faute de Dieu, qui a mis le serpent ici". Satan, un des noms du Malin, veut dire en effet "l’accusateur". Soit l’accusation des hommes devant Dieu soit l’accusation des hommes entre eux. Être sans péché, c’est sortir du monde de l’accusation. "Il est vaincu l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu" dit l’Apocalypse, et cette victoire nous vient du Christ, du sang de l’Agneau, dont les saints deviennent les témoins. Pouvons-nous essayer, dans le Christ, de sortir de l’enfermement dans l’accusation ? Si l’accusation est parfois nécessaire, pour rétablir la justice, le tentateur, lui, voudrait nous y enfermer "jour et nuit", c’est-à-dire éternellement. Or le Christ nous libère de cet enfermement, par sa miséricorde. N’est-ce pas ce à quoi aspirent les accusés : qu’un jour, après avoir réparé ce qui est réparable, après avoir enduré la peine qui est la leur, après avoir pu autant que possible s’amender, ils puissent sortir du regard accusateur qui pèse sur eux ?

Immaculés devant le Christ

La lettre aux Éphésiens va plus loin, car elle fait percevoir le dessein bienveillant de Dieu, son projet dès l’origine : "Il nous a choisi dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour" (Éph 1, 4). Saint Paul souligne deux aspects importants : "Devant lui, dans l’amour". La perfection dont il s’agit est avant tout de l’ordre de la relation : nous ne sommes pas destinés à être immaculés en nous-mêmes, mais devant lui, le Christ. C’est le regard du Christ, sa présence qui nous rend immaculé, qui nous sanctifie. Créés à l’image de Dieu, nous sommes faits pour être saints comme Dieu, "immaculés devant lui". Le péché est au contraire une rupture de la relation avec Dieu, qui entraîne aussi une rupture des relations les uns avec les autres. Et la véritable perfection est celle de l’amour, de la charité. Chaque être humain est appelé au contraire à rendre visible et efficace cette présence du Dieu Saint, cette relation à Lui, dans la vie quotidienne. À l’irresponsabilité comme conséquence du péché, s’oppose au contraire le désir de correspondre au projet bienveillant de Dieu sur nous.

Le projet de Dieu

L’Évangile de l’Annonciation nous renvoie enfin à l’immaculée "en acte", dans le mystère même de la Vierge Marie. Marie correspond au projet de Dieu en donnant concrètement sa réponse, son "Oui". "Me voici, je suis la servante du Seigneur" (Lc 1, 38). Pleinement responsable, Marie est entièrement docile à l’Esprit Saint. C’est lui qui guide son élan, son mouvement le plus spontané, le plus naturel, le plus intime de son cœur, si bien que Marie est tout entière au service du dessein de Dieu, de ce projet, de ce choix du Christ, de nous faire vivre "saints, immaculés devant lui, dans l’amour". Ce projet de Dieu n’est pas seulement une sanctification personnelle, mais une participation au désir de Dieu pour toute l’humanité, pour la création tout entière. Ainsi Marie n’est pas devenue seulement mère du Sauveur mais bien notre mère à tous, dans le Christ.

Demandons à Marie l’Immaculée de nous rendre vainqueurs du Mal, de l’accusateur de nos frères, dans les combats spirituels que nous devons mener. Demandons-lui de croire aussi au projet d’amour et de vérité du Père sur chacun de ses enfants et de refléter cette sainteté au quotidien. Demandons-lui enfin d’entrer, personnellement, comme serviteurs, dans la disponibilité au projet de Dieu, lui qui veut que tous les hommes parviennent au salut. 

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