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L’art sorti des catacombes, du symbole à l’image chrétienne

Catacombes de Domitilla, Rome.

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 22/11/22
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D’un lieu obscur et guère propice à l’inspiration créatrice – les catacombes romaines – est né un art appelé à un avenir glorieux et prospère : l’art sacré chrétien. Comment ces premières évocations de la Bible ont-elles émergé des pénombres ?

Les premiers chrétiens ne possédaient pas de cimetières propres et avaient recours aux nécropoles utilisées par les païens. Pierre, Paul et les autres martyrs du 1er siècle furent ainsi ensevelis dans ces lieux sur la colline du Vatican ou de la Via Ostiense devenus depuis des lieux de culte universellement connus. Ce n’est qu’aux siècles suivants que les premières catacombes accueillirent les convertis au christianisme qui refusaient alors la crémation souvent pratiquée. De plus riches propriétaires installèrent ainsi leurs sépultures et celles de leurs compagnons dans la foi dans des carrières creusées sous le sol telles les fameuses catacombes de Saint-Calixte qui perdurèrent longtemps après que les chrétiens ne furent plus persécutés avec l’édit de Milan en 313. 

En ces lieux sombres et guère aménagés pour la création artistique, des premiers symboles liés étroitement à la Bible furent gravés sur les parois accueillant les défunts ; le poisson, tout d’abord, le plus représenté, mais aussi l’ancre, la barque, la palme ou encore la couronne, les oiseaux, les vendanges… Ces premiers symboles bibliques rappelaient la Parole divine inscrite directement dans l’Ancien Testament et les Évangiles avant de donner naissance à des images plus élaborées et raffinées…

ST. DOMITILLA'S CATACOMBS
Catacombes de Domitilla.

Les premières fresques de la Bible

Avec le développement et l’organisation du christianisme primitif, une évolution notable  va cependant  se réaliser sur les murs des catacombes. En effet, dès le début du IIe siècle, des personnages bibliques parfaitement  identifiables  vont commencer  à orner les catacombes de Rome telle cette superbe évocation de Moïse faisant jaillir l’eau du rocher dans la catacombe de Saint-Calixte, une référence directe au texte biblique de l’Exode (Ex 17, 5-6) :

"Le Seigneur dit à Moïse : “Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! » Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël”."

Ce symbole christique puissant associa ainsi très tôt  le Christ et le rocher d’où  peuvent sortir la Parole et le Salut par l’eau baptismale. Autre référence christique également évocatrice : celle du Sacrifice d’Isaac à l’Hypogée de la via Latina de Rome. Cet épisode bien connu des premiers chrétiens par lequel Abraham se soumit à la volonté la plus absolue de Dieu ne pouvait que renforcer le courage et l’abnégation dans les épreuves vécues par les premiers chrétiens persécutés. 

Un art paléochrétien 

L’art des premiers chrétiens voit ainsi un glissement se réaliser allant des symboles primitifs vers des images plus parlantes et puissantes évoquant les récits bibliques. C’est ce que les historiens nommeront l’art paléochrétien. 

Avec la paix (...) et le développement de l’Église chrétienne,  cet art évoluera encore en complexité, la personne même du Christ apparaissant de plus en plus

Cependant, très vite, aux siècles suivants, l’image sera préférée et surpassera de plus en plus les symboles primitifs bibliques. Ainsi que le souligne le grand historien de l’art René Huyghe : "(…) à partir surtout des Ve et VIe siècles, l'Église préféra aux purs symboles paléo-chrétiens l'histoire sacrée racontée par les images" ("Dialogue avec le visible" ). Cette histoire sacrée narrée au fil des fresques des catacombes  va acquérir progressivement un statut d’accompagnement de la prière et un guide pour les fidèles pleurant leurs morts. Avec la paix apportée par Constantin et le développement de l’Église chrétienne,  cet art évoluera encore en complexité, la personne même du Christ apparaissant de plus en plus sur les fresques dans les scènes les plus célèbres du Nouveau Testament. L’art sacré chrétien était né…

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