Tzvia, une jeune Israélienne, a une vingtaine d’années quand elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer et que la chimiothérapie risque d’endommager ses ovaires (Times of Israël, 4/10/2022). Ne pouvant concevoir la possibilité d’être stérile, son gynécologue, le professeur Ariel Revel, lui retire, au début des années 2000, son ovaire droit qui est congelé. Mais l’idée de transplantation de l’ovaire sain dans le corps de la femme n’est encore que théorique. C’est seulement en 2016 que, pour la première fois, à Dubaï, une femme transplantée après congélation de son ovaire donnera naissance à un enfant.
Après avoir conçu un premier enfant grâce à la greffe d’une partie de son ovaire et une FIV, Tzvia souhaite en concevoir un deuxième mais ce qui lui a été transplanté ne fonctionne plus. Elle a atteint l’âge de la ménopause. Elle subit alors une nouvelle greffe : une autre partie de son ovaire, stocké jusqu’alors dans de l’azote liquide depuis vingt ans, lui est transplantée à l’hôpital Hadassah de Jérusalem.
"L’inversion de la ménopause"
Cette opération a provoqué "l’inversion de sa ménopause". En effet "lorsque la production d’œstrogènes cesse, les symptômes de la ménopause s’installent, mais si des ovaires sains sont restitués, cela relance les règles de la femme, la rend à nouveau fertile et déclenche la production d’œstrogènes". Après deux échecs de FIV, elle fait face à des problèmes de financement car le système de santé publique israélien ne rembourse cette technique que jusqu’à 45 ans. Le professeur Revel raconte : "Nous avons entrepris d’essayer de convaincre les autorités de lui accorder un financement pour un plus grand nombre de cycles, en argumentant dans une lettre que son ovaire est en réalité plus jeune que ses 45 ans et qu’elle devrait donc y être autorisée." Mais Tzvia réalise alors qu’elle est tombée enceinte naturellement, sans avoir finalement recours à la FIV. À 46 ans, elle accouche d’une petite fille.
Une alternative à la PMA
Le gynécologue de Tzvia pense que les recommandations pour la congélation des ovaires et leur transplantation doivent être révisées. Aujourd’hui, cette pratique est réservée "aux femmes atteintes de maladies graves". Selon lui, "cela pourrait être considéré comme un moyen légitime pour les femmes en bonne santé de prolonger leurs années de procréation". "Hormis la fertilité, le fait de fournir aux femmes âgées leurs propres “jeunes” ovaires congelés pourrait prévenir ou retarder considérablement la ménopause", estime le médecin. L’histoire de Tzvia montre que la greffe d’ovaire pourrait permettre de préserver la fertilité de femmes atteintes de cancer. Sans avoir à recourir à la PMA. Il est regrettable cependant que les médecins envisagent déjà de l’utiliser pour repousser toujours plus l’âge des grossesses de femmes en bonne santé, avec les risques que cela implique.