Une chasse aux sorcières visant les prêtres et religieux est-elle en train de se préparer au Nicaragua ? C’est en tout cas ce que laisse penser la récente procédure judiciaire engagée par le régime de Daniel Ortega. Cette dernière vise plusieurs prêtres et séminaristes qui étaient avec Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa, lorsqu’il a été arrêté en août. Alors qu’aux dernières nouvelles le prélat se trouve désormais en résidence surveillée à Managua, la capitale du pays, les religieux et laïcs qui étaient avec lui sont désormais accusés de "complot en vue de porter atteinte à l’intégrité nationale" et de "propagation de fausses nouvelles", rapporte le média nicaraguayen Confidencial.
Parmi les personnes accusées se trouvent le père Ramiro Tijerino Chávez, recteur général de l'Université Jean Paul II, le père José Luis Díaz Cruz, vicaire de la cathédrale de Matagalpa et son prédécesseur père Sadiel Antonio Eugarrios Cano ainsi qu’un diacre et deux séminaristes. Aucune plainte n’a encore été officiellement déposée contre Mgr Álvarez, mais ce dernier est accusé d’"organiser des groupes violents" et de "fomenter la haine", d’où son assignation à résidence depuis le 19 août.
Faire taire l’Église catholique à tout prix
L’accusation contre les prêtres et les laïcs a été déposée le 21 septembre (mais les détails ne sont sortis que le 4 octobre) par le procureur Manuel de Jesús Rugama, qui s'est distingué dans la persécution des prisonniers politiques, tout comme la juge chargée de l'affaire, Nalia Nadezdha Úbeda Obando.
En s’attaquant à l’Église catholique, après avoir fait taire tous ses opposants, Daniel Ortega, réélu en 2021 pour un quatrième mandat consécutif lors d’un scrutin d’où étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, arrêtés ou contraints à l’exil, poursuit sa quête du pouvoir absolu au Nicaragua. Une ambition dévorante condamnée par le Parlement européen dans une résolution adoptée jeudi 15 septembre. Mais qui reste, pour le moment, sans aucun effet.