La guerre et la violence sévissent toujours au Tigré, région du nord de l’Ethiopie ravagée par un conflit dont les conséquences sur la population sont dramatiques et souvent ignorées du reste du monde. Depuis près de huit mois, une centaine de religieux, dont fait partie l’évêque d’Adigrat, a disparu et ne donne plus aucun signe de vie. Une source anonyme a notamment confié à l’agence Fides que le village d’Adigrat a été "bombardé par les Érythréens, comme d'autres villages de la région d'Irob : Alitena, Dawan, Agarale. Il y a entre 70 et 80 religieux catholiques et environ 30 religieuses dont nous ne savons rien et que nous ne pouvons pas contacter".
Un drame sans fin
Depuis novembre 2020, ce petit bout d’Afrique, constitué de 90% de chrétiens, est le théâtre d’un drame sans fin ponctué d’affrontements entre l’armée fédérale d'Ethiopie et les forces sécessionnistes du Tigré. Des exactions commises tant par les forces fédérales qui refusent la sécession que par les forces armées d’Erythrée, selon les témoignages des survivants. Les deux pays auraient en effet lancé début septembre une attaque conjointe au Tigré. Les civils paient le lourd tribut de cette violence, certains qualifiant les tueries perpétrées de génocide. Les chrétiens sont particulièrement visés, et nombre de femmes et de filles, notamment des religieuses, sont victimes de sévices sexuels d’une grande brutalité. La destruction et le pillage des lieux de culte sont également monnaie courante. En prime, la faim et le manque de moyens sanitaires mettent la population locale à genoux.
En août, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avait appelé à la cessation immédiate des combats et des bombardements au Tigré après la reprise des hostilités. L’aide humanitaire fait cependant toujours défaut dans cette région très difficilement accessible aux convois — ainsi qu’aux journalistes —, et dans laquelle les télécommunications sont régulièrement coupées.