Proche de Vladimir Poutine, le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe, a décidé d’appuyer à sa façon le président russe après la décision de ce dernier d’ordonner la première mobilisation du pays depuis la Seconde Guerre mondiale. Lors de son homélie après la messe à l'église de saint Alexandre de la Néva de Moscou, le patriarche Kirill a évoqué le sacrifice de Jésus : "Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle." (Jn 3, 16) Jusque-là rien d’étonnant. Il reprend plus loin : "Le Seigneur nous fait comprendre que si Dieu par Son Fils donne Sa vie pour le bien des autres, pour le bien de l’humanité, alors le sacrifice est la plus haute manifestation de l'amour d'une personne pour son prochain. Le sacrifice est la plus grande manifestation des meilleures qualités humaines."
Il se sacrifie pour les autres. Et donc nous croyons que ce sacrifice lave tous les péchés qu’il a commis.
Et de conclure, étonnamment, avec ces mots : "Nous savons qu'aujourd'hui beaucoup meurent sur les champs de batailles. L'Église prie pour que cette guerre (avec l’Ukraine, ndlr) se termine le plus tôt possible, pour que moins de frères possible s'entre-tuent dans cette guerre fratricide. Et en même temps, l'Église est consciente que si quelqu’un, poussé par le sens du devoir et la nécessité de remplir sa mission, reste fidèle à sa vocation et meurt en exerçant ses fonctions militaires, alors il commet sans aucun doute un acte équivalent à un sacrifice. Il se sacrifie pour les autres. Et donc nous croyons que ce sacrifice lave tous les péchés qu’il a commis."
En d’autres termes, le chef de l’Église orthodoxe russe a déclaré que les soldats russes morts dans la guerre contre l'Ukraine seraient lavés de tous leurs péchés. Des propos qui ne vont pas manquer de creuser un fossé entre la branche russe de l'Église orthodoxe et d'autres branches de l'orthodoxie dans le monde.