Gilles et Dorothée, trentenaires rennais, ont écrit dans le faire-part de naissance de Paul, leur dernier-né, cette phrase : "Nous avons tout ce qu’il faut pour Paul. Mais si vous voulez offrir un cadeau, nous vous proposons de faire un don à une association qui aide les familles qui vivent dans la précarité. Merci de tout cœur !" Pour le couple, il ne s’agit pas de se donner "bonne conscience", mais d’être intègre en unifiant leur vie intérieure et sociale. "Il me semble que la vraie sobriété ne consiste pas juste à répondre aux défis économiques ou écologiques, mais à se transformer intérieurement. La sobriété n’est pas l’art pour l’art ! C’est d’autant plus évident pour moi dans le contexte de la crise que nous vivons aujourd’hui…", analyse Dorothée.
Une valeur qui n'est pas nouvelle
Si le mot "sobriété" revient comme mot d'ordre dans tous les discours politiques de cette rentrée, elle n’est pas une valeur nouvelle. Et tout d'abord, que signifie vraiment cet ancien idéal ? C’est ce que le pape François explique dans son encyclique Laudato Si :
La sobriété pour guérir son âme
Cet idéal d’une vie sobre n'est pas nouveau. On le trouve dans les grandes écoles de philosophie antique. Elle marque aussi l’histoire de l’Église. Les Pères du désert qui vivaient dans les déserts de Mésopotamie, d’Égypte, de Syrie et de Palestine, entre le IIIe et le VIIe siècle, recherchaient une vie de solitude, de travail manuel, de contemplation et de silence, dans le but de grandir spirituellement. De leur expérience ont été tirés les apophtegmes, des récits rédigés par les moines, dégageant les grandes lois de la vie intérieure, que Jean Paul II considérait "comme une invitation à redécouvrir dans le vacarme de la civilisation moderne, des solitudes créatrices où l’on puisse s’engager résolument sur la voie de la recherche de la vérité, sans masques, ni alibis, ni fictions". Les Pères du désert, que l’on peut qualifier de premiers thérapeutes, ont élaboré des recommandations pour soigner les "maladies de l’âme". Parmi ces recommandations figure l’exercice de la sobriété.
Pour l’expliquer, Jean-Guilhem Xerri, psychanalyste et biologiste médical, auteur de Prenez soin de votre âme (Editions du Cerf), emprunte la métaphore du sculpteur : "Pour créer son œuvre, le sculpteur n’ajoute rien à la matière, au contraire, il lui retire ce qui est en trop pour révéler ce qui était déjà là, faire jaillir le fond en brisant l’apparence de la forme brute. De même, nous sommes invités à nous simplifier pour qu’apparaisse ce qui est déjà en nous, pour aider notre être intérieur à refaire surface."
Alors comment cultiver cette vertu indispensable pour être pleinement heureux ? Quel est le secret de la sobriété qui permet de vivre dans une harmonie intérieure ? Ces grands saints vous donnent des réponses claires et lumineuses :