Melina Godossi a 37 ans. Elle est devenue mère porteuse il y a cinq ans, alors qu'elle vivait à Los Angeles, aux États-Unis. D’origine péruvienne, elle vient d'avoir des jumeaux et souhaite gagner de l'argent tout en restant à domicile pour pouvoir s'occuper de ses enfants. Alors qu’elle cherche sur Internet, elle tombe sur une annonce qui l’intéresse : "Recherche une femme en bonne santé, jeune, déjà mère de famille et qui souhaite travailler à domicile." Sans plus de détails. Le travail parfait ? Elle prend contact avec l’annonceur. La gestionnaire d’une agence de mères porteuses lui répond. Melina décline la proposition. "Je pensais que c'était trop difficile", explique-t-elle. Mais la propriétaire de l’agence insiste. Melina finit par accepter.
Une exploitation maintenant proposée comme une opportunité professionnelle.
Pas sûr que la Nigérienne Gift Danjuma approuverait ce "choix de carrière" : mère porteuse à Lagos, elle a accouché de triplés. Et ses chances d’être mère sont désormais compromises. La césarienne qu’elle a subie a laissé des séquelles. Originaire de l'État de Nasarawa, sa famille était opposée à ce que Gift devienne mère porteuse, "mais il y avait des factures à payer". "Faire de la grossesse et de l’arrivée au monde d’un enfant une opportunité pour des femmes précaires est inacceptable", avertit la journaliste Céline Revel-Dumas, auteur de GPA, le grand bluff (Cerf, 2021). Et "présenter cette supercherie comme un nouvel horizon humanitaire proposant un “travail social” aux femmes les plus pauvres, une indignité". Une exploitation maintenant proposée comme une opportunité professionnelle.