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La faible participation au synode sur la synodalité cache-t-elle un problème de méthode ?

Caté
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Valdemar de Vaux - publié le 16/08/22
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Avant le synode sur la synodalité, qui aura lieu en octobre 2023, le pape François a voulu, en cohérence avec le thème choisi, que la réunion des évêques soit précédée d’une grande consultation des catholiques du monde entier. La participation relative, en France tout du moins, ne serait-elle pas le fruit d’un problème de méthode ?

Jean le reconnaît, presque sans honte : catholique engagé, il a "snobé" les réunions synodales de sa paroisse parisienne. Le mot n’est d’ailleurs pas choisi au hasard. Pourquoi faudrait-il qu’il donnât son avis sur l’Église ? Quel est le sens d’une discussion gênante avec un groupe de paroissiens que l’on n’a jamais vus avant d’élaborer avec eux des doléances ? Bénédicte, quant à elle, a décidé de participer comme on fait un sacrifice : pour ne pas que les idées qui commençaient à émerger – ordination des femmes, perte de transcendance… – et qui ne sont pas les siennes, paraissent représentatives. 

Comme Jean et Bénédicte, nombreux sont les catholiques français qui n’ont pas pris part à la consultation, ou qui l’ont fait presque à contrecœur. Pour parler de synodalité lors du synode d’octobre 2023, le pape François a en effet estimé qu’il était bon, et cohérent, que tous les fidèles puissent s’exprimer, avoir une parole sur l’Église, inspirée par l’Esprit saint. Une manière d’honorer l’étymologie de "synode", qui, en grec veut dire "marcher ensemble". 

Une démarche incarnée par de petites équipes

Pour permettre au plus grand nombre de participer, chaque diocèse a fourni aux paroisses et communautés des outils pour organiser des groupes de partage. Le plus souvent, la démarche synodale a donc pris la forme de petites équipes, constituées entre paroissiens volontaires, chargées de prier, de discuter en s’écoutant, et de produire une petite synthèse. Avec des propositions, des regrets, mais aussi les joies de la vie de l’Église et les fruits de ce nouveau mode de relations paroissiales. 

En France, ce sont ainsi plus de 150.000 personnes qui se sont mobilisées. Un chiffre honorable, mais qui ne correspond qu’à environ 10% des catholiques pratiquants…en particulier, les grands absents des contributions sont les jeunes, jusqu’à 40 ans. Beaucoup l’ont regretté, à l’image de Mgr Ulrich dans un entretien à KTO du 1er juillet. Selon le nouvel archevêque de Paris, "beaucoup n’ont pas accroché à la méthode […] lointaine des préoccupations des jeunes". 

Un mode d'expression éloigné des jeunes ?

Pour de jeunes parents, la difficulté d’organisation a vite pris le pas sur la démarche, dont les enjeux ne paraissaient pas vitaux. Pour un étudiant, se réunir en groupe avec des personnes de l’âge de ses parents ou grands-parents un dimanche après-midi n’est pas toujours naturel. Sans compter que le langage utilisé et le mode d’expression n’était peut-être pas pensé pour les jeunes. Ni la communication : le synode a-t-il été promu sur les réseaux sociaux et dans les aumôneries ? 

La prise de conscience de cette absence a d’ailleurs trouvé, certes tardivement, une réponse. Des prêtres influenceurs, comme le dominicain Paul-Adrien d’Hardemare ou le père Gaspard Craplet ont ainsi été appelés à la rescousse par le Dicastère pour la communication, à Rome, pour soumettre aux jeunes générations à un questionnaire imaginé par des Espagnols soucieux de faire participer le "continent numérique" au synode. 

L’absence des 25-40 ans s’explique aussi par une vision différente de l’Église. Sans exagérer les divergences générationnelles, les jeunes catholiques d’aujourd’hui ont une vision plus mystique de l’Église, au risque de ne pas s’investir dans une vie sociale très éloignée de l’Évangile. Leurs anciens, au contraire, qui ont connu la période conciliaire, ont davantage l’habitude de voir dans le Christ une source d’émancipation et dans l’Église un lieu de dialogue avec la société, à laquelle il faut s’adapter pour ne pas se priver de la possibilité de lui annoncer la Bonne nouvelle.

Flou sur le destin final des contributions

Plus fondamentalement, si beaucoup, jeunes ou non, n’ont pas participé à la démarche synodale, c’est par incompréhension des enjeux : flou sur le destin final des contributions, crainte de la dissolution procédurale de synthèses en synthèses, du groupe jusqu’à Rome en passant par le diocèse, la conférence épiscopale et le continent, et pour une finalité peu perceptible. 

Dès lors, quel effet concret pourrait avoir la parole d’un simple fidèle ? D’autant que l’information n’a pas toujours été bien relayée et expliquée : les organisateurs ont-ils réussi à présenter la chose non comme une somme de revendications mais comme l’occasion de vivre concrètement la fraternité chrétienne là où l’on vit sa foi ? Avec l’aide de l’Esprit saint et non en écoutant ses frustrations et ressentiments. 

Parce que l’effet concret est surtout là, et a bien été noté par Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes chargé pour la Conférence des Évêques de France (CEF) du synode : "Nous avons appris, ou réappris, à dialoguer". Un enjeu qui n’aurait, quelle que fût la méthode, pas convaincu les plus récalcitrants, fatalistes et effrayés d’avance que d’aucuns proposent, une énième fois, de marier les prêtres pour éradiquer, enfin, tous les problèmes dans l’Église.

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