À Washington, le CARA (Centre de Recherche appliquée à l’apostolat), hébergé par l'Université de Georgetown, étudie depuis 1965 le catholicisme américain comme un objet de sciences sociales. Dans ce cadre, alors qu’ont lieu dans le courant du mois de juin les ordinations sacerdotales, les chercheurs viennent de publier un rapport sur l’origine sociale des nouveaux prêtres.
Ressort principalement de cette analyse une proportion toujours plus importante de vocations hispaniques. En 2022, 22% des ordonnés sont d’origine latino-américaine, nés ou non sur le territoire états-unien. Une proportion qui n’a jamais été aussi élevée alors que la même étude est menée depuis vingt ans par le CARA. Ils étaient 16% en 2021, et 15% il y a dix ans : l’augmentation est donc pour le moment circonstancielle et non tendancielle. Le phénomène est même plus important dans certains diocèses. Los Angeles, par exemple, aura vu huit nouveaux prêtres être ordonnés cette année, dont six d’origine hispanique : quatre ont grandi aux États-Unis, deux sont nés au Mexique.
45% des catholiques sont Latino-Américains
Le rapport met en fait le doigt sur un mouvement plus large. Aujourd’hui aux États-Unis, 45% des catholiques sont latino-Américains, une proportion qui passe à 60% pour les catholiques de moins de 18 ans. Le nombre de prêtres Latino-Américains est donc encore bien inférieur à leur présence dans les églises locales : ils ne représentent que 8,5% du clergé. Cette évolution dans le recrutement du clergé n’en est donc qu’à ses débuts.
Consciente des changements rapides dans la population américaine, l'Église encourage cette diversification. En 2020, les Hispaniques ne pesaient que pour 18,7% dans la population états-unienne, mais, alors que les autres communautés décroissent, leur nombre augmente d’environ 2,4% sur dix ans. Certains diocèses n’hésitent donc pas à s’associer avec d’autres diocèses d’Amérique latine pour que des séminaristes viennent aux États-Unis se former et servir comme prêtres.
Un effort qui n’est pas encore à la hauteur mais qui s’accentue. Dans le diocèse d’Orange, en Californie, alors que 50% des catholiques sont latinos d’origine, seulement cinq des quarante-et-un prêtres ordonnés en dix ans sont hispaniques et 30% environ parlent l’espagnol. Entre autres difficultés, outre une population en moyenne plus jeune, la question de la légalité. Pour entrer au séminaire, il faut que le candidat au sacerdoce soit présent sur le territoire légalement. Or, obtenir l’autorisation de séjourner et d’étudier aux États-Unis est un processus de longue haleine. Une barrière qui concerne en premier chef les Latino-Américains, nombreux à être immigrés depuis peu.