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L’un des plus vieux monastères de Syrie rouvre ses portes

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Anna Ashkova - publié le 19/06/22
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Tourné vers le dialogue interreligieux, le monastère de Mar Moussa rouvre ses portes après avoir été isolé des années en raison de la guerre.

À une centaine de kilomètres au nord de Damas, le monastère de Saint-Moïse l'Abyssin (Deir Mar Moussa al-Habachi), l'un des plus vieux de Syrie, est devenu à partir des années 90 un centre de dialogue islamo-chrétien à l'initiative du père italien Paolo Dall'Oglio. Après avoir vécu la guerre, l’enlèvement de Paolo Dall’Oglio (qui reste toujours porté disparu), le kidnapping par Daesh du père Mourad (le successeur de Paolo Dall’Oglio) et l’épidémie de Covid-19, le monastère a enfin rouvert ses portes début juin. 

Monastique, œcuménique et mixte, de rite syriaque catholique, la communauté, aujourd’hui constituée d’une dizaine d’hommes et de femmes vivant au quotidien de prière, d’activités manuelles et d’hospitalité, espère attirer de nouveau les pèlerins et les touristes. "Nous souhaitons que les gens reviennent, qu'ils prient et méditent dans ce lieu où ils trouveront peut-être un espace de calme, de silence et de contemplation", explique à l'AFP le père abbé Jihad Youssef.

Les plus anciennes fresques de l'Orient chrétien

Niché au cœur de montagnes et construit sur plusieurs niveaux, le monastère trouve son origine dans une petite basilique construite sur les ruines d’une fortification romaine. L’église actuelle de Mar Moussa, qui date de 1051 et fut longtemps l’unique bâtiment, comporte des inscriptions murales à connotation musulmanes et chrétiennes en arabe, syriaque et grec. Le monastère possède parmi les plus anciennes fresques de l'Orient chrétien. 

Mar Moussa

En 2013, des combats acharnés entre des groupes d'opposition et les forces gouvernementales ont éclaté dans la ville de Nabek, à 16 km du monastère. Si le monastère n'a pas subi de dégâts matériels, la disparition du père Paolo en 2013 lui a porté un coup dur. "L'EI l'a probablement enlevé. Nous n'avons pas d'informations fiables pour dire s'il est vivant ou mort", indique père Jihad, en précisant qu’aucune demande de rançon n'avait été faite. Entre 2015 et 2017, l’EI a contrôlé une région proche du monastère. À l'époque, "nous avons eu peur, nous avons été isolés, une situation qui a empêché les gens de nous rendre visite", se souvient père Jihad.

En 2019, Daech a été vaincu, mais la pandémie du covid a encore retardé la réouverture du monastère, qui figure dans de nombreux guides touristiques parus avant 2011. Début juin, le monastère a finalement décidé de rouvrir ses portes, en accueillant un petit groupe de touristes. 

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