Entre Lyon et Pauline Jaricot, c'est l'histoire d'une vie. Même si elle a beaucoup voyagé pour son œuvre, la Lyonnaise restera attachée à sa ville de naissance, tout au long de ses 62 ans d'existence, où elle se consacrera à la prière, à l'action, à l'aumône mais aussi à l'abnégation et aux épreuves. Relire la vie de Pauline, c'est redécouvrir la ville de Lyon : de la colline de Fourvière, où se trouve sa maison et de nombreuses affaires personnelles, aux pentes de la Croix Rousse, où son cœur est abrité dans une chapelle de l'église Saint Polycarpe, à la presqu'île et l'église de Saint-Nizier où l'on peut se recueillir aujourd’hui encore devant la tombe de Pauline.
Le cœur de Pauline
En 1815, Antoine Jaricot s’installe avec sa grande famille, Pauline (née en 1799) est la dernière de sept enfants, rue Puits Gaillot, dans le 1er arrondissement de Lyon, à deux pas de la place des Terreaux et de l’église Saint-Polycarpe, située au pied de la colline de la Croix Rousse (la colline qui travaille). En ce XIXe siècle, ce quartier est celui de l’industrie de la soie, et s’y côtoient à la fois les ouvriers, appelés les “canuts”, qui vivent dans de modestes conditions, et les négociants, de riches commerçants, dont fait partie le père de Pauline. C’est dans l’église Saint-Polycarpe, où la famille Jaricot, très pieuse, vient souvent prier, que Pauline va lancer un mouvement de prière et d’action en faveur des missions. Elle s’adresse aux paroissiens, et y lance ses premières collectes pour les missions "le sou de Pauline" ou "sou hebdomadaire". L’abbé Gourdiat, alors curé de la paroisse Saint-Polycarpe, prendra ensuite en main la direction du début de l’œuvre et en deviendra le trésorier. L’église Saint-Polycarpe est ainsi considérée comme le berceau de l’œuvre de la Propagation de la Foi. C’est pourquoi, en 1889, avec beaucoup de dévotion, le cœur de Pauline Jaricot (morte en 1862) y a été transporté par Mgr Foulon, alors archevêque de Lyon. Il est aujourd'hui encore possible de se recueillir devant le cœur de Pauline, qui se situe dans une chapelle latérale, consacrée à saint François-Xavier, saint patron des missionnaires. Une plaque en marbre blanc apposée sur le mur en indique la place et y sont gravées les premières lignes du bref de Léon XIII du 13 juin 1881, "Ici repose le cœur de Pauline Marie Jaricot…"
La tombe de Pauline
À sa mort en 1862, Pauline Jaricot a été enterrée dans le caveau familial, au cimetière de Loyasse, à Lyon. Si son cœur a ensuite été transporté à l’église Saint-Polycarpe en 1889, son corps n’a été transféré à l’église Saint-Nizier qu’en 1935, dans la chapelle Notre-Dame de-Grâce où Pauline priait souvent. Il faut dire que c’est dans cette église qu’à l’âge de 17 ans, un dimanche de Carême de l’année 1816, Pauline va vivre une "seconde conversion", suite à un prêche sur la vanité. Elle décide alors de vivre simplement, d'adorer le Seigneur, et de se dévouer aux malades et aux pauvres. La tombe de Pauline est devenue un lieu de recueillement et de prière pour ceux qui l’invoquent. Une urne a été installée pour recueillir les témoignages de grâce, demandés par l’intercession de Pauline. Et pour fêter la béatification de Pauline ce 22 mai 2022, la paroisse Saint-Nizier organise un grand spectacle vivant, avec 150 participants (comédiens, danseurs, figurants), qui aura lieu à la Toussaint 2022 et qui retracera “les mystères de Pauline”, “ Engagée, ruinée, béatifiée”.
La croix de Pauline
Considérée comme relique de "seconde classe", car c'est un objet et non une partie du corps, cette croix ayant appartenu à Pauline Jaricot pourrait presque être considérée comme une double relique ! En effet, elle a été offerte par le saint curé d'Ars, lors d'une de ses dernières entrevues avec la future bienheureuse. Il faut dire que les deux saints se connaissent très bien, et depuis longtemps, puisque leur rencontre date d'un déjeuner chez les parents de Pauline, en 1816, alors que le père Jean-Marie Vianney est un jeune vicaire d'Ecully. Quand le prêtre est nommé à Ars, il ne rompt pas ses liens avec la famille Jaricot ni avec Pauline, et n'hésite pas à leur demander un soutien financier. Lors de ses nombreuses visites à Ars, Pauline sera toujours encouragée par le saint curé pour ses œuvres de charité.
Monsieur le Curé, n’essayez pas de remédier au froid ; j’y suis habituée. Réchauffez plutôt ma pauvre âme par quelques étincelles de foi et d’espérance.
En mars 1859, Pauline Jaricot, alors âgée de 59 ans, passe une dernière fois à Ars. Transie de froid, on la fait monter dans la chambre de Jean-Marie Vianney et celui-ci se précipite pour y allumer un feu. Devant son incapacité à le faire, Pauline lui dit : "Monsieur le Curé, n’essayez pas de remédier au froid ; j’y suis habituée. Réchauffez plutôt ma pauvre âme par quelques étincelles de foi et d’espérance". Il la réconforte en lui parlant de la bonté du Seigneur, et au moment de repartir, il lui remet cette petite Croix en carton, pour méditer les mystères douloureux, "ma sœur cette croix sera votre devise".
Cette croix, placée dans un reliquaire, est aujourd'hui visible dans une vitrine de la chambre de Pauline, à la maison de Lorette, située sur les flancs de la colline de Fourvière, où Pauline vécut une grande partie de sa vie. Dans cette maison de Lorette, on peut également découvrir des objets du quotidien de Pauline, dont un collier en corail, que l'on retrouve sur tous les portraits de la bienheureuse. La croix de Pauline, offerte par le saint curé d'Ars, sera amené à l'autel lors de la messe de béatification par Mayline Tran, miraculée à la suite d'une neuvaine à Pauline Jaricot. Et les OPM ont édité des reproductions de cette croix, désormais disponibles à la vente, afin que son message puissant puisse continuer de rayonner dans les familles et dans le monde.