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La vertu de l’effort selon saint Siméon le Stylite

ST SIMON THE STYLITE,SIMEON THE STYLITE
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Aliénor Goudet - publié le 08/03/22
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Saint Siméon le Stylite (389-459) étonnait ceux qui l’entouraient par sa dévotion et son sens du sacrifice. Si on peut aujourd’hui lui reprocher un excès de sacrifice, on peut également tirer de sa vie quelques leçons sur la vertu de l’effort.

Antioche, Ve siècle. Alors que son esprit tente de comprendre l’absurdité qu’on vient de lui asséner, le moine Bassos regarde bouche bée frère Siméon. Ce dernier sourit sereinement en attendant la réponse à sa requête. Comme s’il ne venait pas de demander à Bassos de l’enfermer dans sa cellule pour la durée du Carême. 

Certes, les moines se doivent d’être encore plus frugales et de jeûner durant le Carême. Et Siméon est connu pour ses pénitences et sacrifices intenses pour le Seigneur. Mais effort ne veut pas dire folie ! 

Devant l’air scandalisé de son ami, Siméon lui demande alors de laisser quelques pains et une cruche d’eau au cas où son corps ne tiendrait plus. Mais il supplie à nouveau Bassos d’accéder à sa folle requête. 

Pour plaire à Dieu

En effet, Siméon est un amoureux du Christ depuis l’enfance. Tout commence le jour où ses parents l'emmènent à la messe. Après avoir entendu un sermon sur les Béatitudes, le petit Siméon veut savoir comment entrer au royaume de Dieu. Il s’empresse d’interroger le prêtre. Celui-ci lui dit qu’il faut prier, prier encore et se faire moine. 

Peu après, Siméon fait un songe. Il se voit, pieds dans la boue, creusant les fondations. Alors qu’il creuse et creuse, ses bras fatiguent et il veut s’arrêter. Alors une voix douce mais ferme murmure à son oreille. 

Lorsqu’il rejoint le monastère de Teleda, Siméon n’a qu’une idée en tête : plaire à Dieu sans réserve. Il impressione et effraie ses frères par les sacrifices qu’il s’impose, notamment sous la forme du jeûne. En faisant cela, Siméon partage la douleur du Christ et fait pénitence pour le monde. 

On le renvoie, espérant qu’ainsi, il prendrait soin de sa santé. Mais rien n’y fait. Siméon se réfugie dans une citerne. Cinq jours plus tard, on le rappelle au monastère. Dix ans plus tard, il se rend à Tellamisos, près d’Antioche, accompagné de frère Bassos. 

À contre-coeur, ce dernier accepte la requête de son frère. Le jour de Pâques, il se dépêche d’aller libérer Siméon de sa cellule. Son cœur manque de s’arrêter lorsqu’il le découvre à terre. Il s’empresse de le faire boire l’eau de la cruche qu’il n’a pas touchée. Le moine chétif n’a pas non plus pris une miette de pain. 

- Je n’ai pas assez creusé, dit-il, au désarroi de Bassos.

Vingt-huit Carêmes et un pilier du ciel

En effet, Siméon n’est pas satisfait de son Carême. Alors, une fois Pâques célébrée, il recommence une deuxième fois. Puis une troisième. Une dixième. Jusqu’à répéter l’exploit vingt-huit fois. À la fin de ces trois années, l’exercice semble trop facile pour que Siméon puisse continuer à faire pénitence ainsi. 

Après maintes réflexions, Siméon part pour la Syrie, et découvre au sommet d’une montagne, des ruines. Parmi elles, une colonne tient encore debout. Sans hésitation, le moine grimpe et s’installe au sommet. Tout de suite, il se sent plus proche de Dieu. À tel point que Siméon ne redescendra plus. 

Sa réputation se répand alors comme une traînée de poudre. On vient de partout pour le voir. Des évêques lui demandent conseil, les malades implorent sa bénédiction, et les pèlerins prient à ses côtés. Il obtient plusieurs miracles. Même en haut de sa colonne, Siméon consacre du temps à ceux qui viennent à lui. L’empereur Théodose II lui-même l’estime grandement.

Siméon rend l’âme en position de prière toujours perchée en haut de sa colonne en l’an 459. On dit qu’il a passé trente années entre ciel et terre.  

La vertu de l’effort

À travers la loupe des temps modernes, les sacrifices de saint Siméon le Stylite semblent bien excessifs. Mais la vie du moine qui voulait plaire à Dieu n’est pas sans leçon. Tout effort répété devient de moins en moins pénible. Il est bon de garder cela à l’esprit lorsque l’on peine à tenir ses résolutions de Carême.

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