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“L’abbé Guérin était un éveilleur d’espérance”. Son procès en béatification est ouvert

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Mgr Thierry Scherrer - publié le 16/01/22
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« C’était un éveilleur d’espérance. » L’évêque de Laval, Mgr Thierry Scherrer, répond aux questions de Aleteia sur le rôle que joua l’abbé Michel Guérin dans l’apparition de la Vierge Marie à Pontmain, il y a 151 ans. « Véritable prêtre des périphéries existentielles », son procès en béatification a été ouvert en 2013.

L’abbé Michel Guérin est un acteur méconnu de l’apparition de la Vierge Marie à Pontmain, le 17 janvier 1871. Il était le « petit curé » de cette humble paroisse, qui demeura longtemps sans prêtre, avant que celui-ci arrache de son évêque la permission de sauver littéralement les âmes de ce village abandonné. La postulatrice de sa cause de béatification, notre collaboratrice Anne Bernet, vient de lui consacrer une magistrale biographie, La Simplicité et la Grâce (Artège), où elle parle avec précision et tendresse de cet abbé simple et volontaire, qui voulait porter la miséricorde de Dieu « aux âmes tourmentées » de la paroisse de Pontmain. Alors que le diocèse de Laval célèbre le triduum de clôture du Jubilé des 150 ans de l’apparition, son évêque, Mgr Thierry Scherrer présente aux lecteurs de Aleteia la belle figure de prêtre qu’était le « serviteur de Dieu » Michel Guérin. 

Aleteia : Vous avez ouvert le 1er juin 2013 la phase d’enquête diocésaine du procès en béatification de l’abbé Michel Guérin, prêtre de votre diocèse retourné à Dieu en 1872. Dans la biographie qu’elle vient de lui consacrer, La Simplicité et la Grâce (Artège), la postulatrice de sa cause, Anne Bernet, montre comment « le petit curé de Pontmain », se dévoua corps et âme au sauvetage de sa paroisse. Qui était Michel Guérin ? 
Mgr Thierry Scherrer : Michel Guérin est le fils unique d’un couple de tisserands lavallois de condition modeste. Né à Laval le 8 juin 1801, il est baptisé le jour même en l’église Saint-Vénérand. Très jeune, il perçoit en lui un appel insistant à devenir prêtre. Mais à la mort de son père (il n’a que 14 ans), il se voit contraint de travailler lui-même comme tisserand pour aider sa mère seule à pourvoir aux nécessités du quotidien. Il lui faudra attendre sa majorité pour voir se réaliser son rêve. Il entre alors au séminaire du Mans. Sa formation terminée, il est ordonné prêtre le 19 juillet 1829 et est aussitôt nommé vicaire de Saint-Ellier-du-Maine, village tout proche du petit bourg de Pontmain. Touché au cœur par la détresse morale de ses habitants alors privés de sacrements — depuis une dizaine d’années, Pontmain n’avait plus de prêtre desservant —, l’abbé Guérin obtient de Mgr Bouvier l’autorisation de s’y installer en vue d’y exercer son ministère de prêtre. Avec des moyens tout simples, mais une foi inébranlable et une détermination héroïque, il permit à sa paroisse de vivre une véritable conversion pastorale et missionnaire jusqu’à en faire un modèle abouti de communauté priante et évangélique. Comme l’écrit Anne Bernet dans le magnifique portrait qu’elle nous donne de lui dans son livre, « il avait fait de la sanctification de son petit troupeau la mission de sa vie, jusqu’à son dernier souffle ».

Au moment où l’on insiste si fort sur la nécessité d’une Nouvelle Évangélisation, Michel Guérin nous apparaît comme l’exemple particulièrement suggestif d’un engagement sacerdotal, à la fois social et missionnaire

Le grand évènement de sa vie fut l’apparition de la Vierge Marie à Pontmain du 17 janvier 1871, il y a cent-cinquante ans. Est-il possible de parler du rôle que joua l’abbé Michel Guérin dans cette apparition ?
On ne peut pas comprendre ce qui s’est passé le 17 janvier 1871 à Pontmain sans évoquer la belle personnalité sacerdotale de Michel Guérin. C’est lui qui, en réalité, a préparé cette apparition. Sa servante disait d’ailleurs de l’abbé Guérin : « C’est grâce à lui que la Sainte Vierge nous a fait l’honneur de sa visite. » Il faut se souvenir pour cela du zèle remarquable avec lequel il introduisit la dévotion à la Vierge Marie au sein de sa paroisse. À chaque famille qu’il visitait, il offrait une petite statue de Marie, invitant parents et enfants à la prier filialement chaque jour. Tout imprégné de la spiritualité montfortaine, l’abbé Guérin avait la conviction que le plus sûr moyen d’aller au Christ était de passer par Marie, sa Mère et notre Mère : Ad Jesum per Mariam, à Jésus par Marie. On peut dire que le message laissé par la Vierge Marie le jour de son apparition n’a fait que confirmer de façon heureuse et inattendue le patient et lumineux travail pastoral de ce curé merveilleux.

Pensez-vous que l’abbé Michel Guerin est un modèle de prêtre pour aujourd’hui ? 
Au moment où l’on insiste si fort sur la nécessité d’une Nouvelle Évangélisation, Michel Guérin nous apparaît comme l’exemple particulièrement suggestif d’un engagement sacerdotal, à la fois social et missionnaire, tel que le pape François l’appelle de ses vœux dans son exhortation apostolique La Joie de l’Évangile. C’est un homme de bon sens qui déploie son charisme et son rayonnement spirituel au cœur des réalités temporelles. Michel Guérin, c’est d’abord un éveilleur d’espérance. L’époque où il vécut était particulièrement sombre, troublée qu’elle était par la guerre franco-prussienne. Pasteur infatigable, il va redonner joie et espérance à un petit peuple qui se sentait abandonné.

Michel Guérin, c’est aussi un prêtre aux « périphéries existentielles ». Pontmain, rappelons-le, était un hameau perdu au bout du département de la Mayenne qui n’intéressait ni l’administration, ni l’Église. C’est pourtant là que Michel Guérin va choisir de s’établir dans le souci d’aller porter aux plus pauvres la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Et l’on sait tout ce que ce bon curé a pu réaliser à Pontmain avec une douce obstination et sa confiance absolue en Dieu : il multiplie les démarches pour que le village dispose d’une recette buraliste, d’une boîte postale ; il crée un bureau de bienfaisance, il fait construire une école et établit une communauté de religieuses pour assurer l’éducation des enfants. Il sollicite les autorités compétentes pour améliorer les voies d’accès au village. Oui, Michel Guérin est un prêtre admirable, un modèle pour les prêtres tout autant que pour les laïcs sur lesquels il sut s’appuyer.

La Simplicité et la Grâce, Michel Guérin, le petit curé de Pontmain
Anne Bernet, Artège, décembre 2021, 637 pages, 26 €

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