"Nous n'avons jamais eu l’impression que cet argent nous appartenait, mais plutôt d’en être les simples gardiens", a récemment déclaré Melanie Perkins, la co-fondatrice de Canva. Retour sur une belle histoire, non pas à l’américaine, mais à l’australienne !
Âgée de 34 ans, Mélanie Perkins est née à Perth, en Australie, et vit aujourd'hui à Sydney. Après des études secondaires au lycée privé catholique "Le Sacré Cœur" à Perth, elle poursuit à l’université de Western Australia. C’est là qu’elle va avoir l’idée d’une plateforme de conception graphique en ligne. "L’aventure Canva a commencé en 2007, alors que j’étudiais à l’université. À l’époque, j’expliquais à des amis étudiants comment utiliser des programmes comme InDesign et Photoshop mais nous trouvions ces programmes difficiles à apprendre, et encore plus difficiles à utiliser", a-t-elle déclaré au média Irish Tech News. "J’ai pensé que l’avenir du design pourrait être totalement différent, c’est-à-dire en ligne, collaboratif et très simple".
Mélanie Perkins a alors l’idée de passer à l’étape suivante et décide de créer un nouveau produit. À l’époque, ce n’est encore qu’un rêve. Elle et Cliff Obrecht, son associé, ne sont que des étudiants, sans financement et sans les connaissances techniques ou entrepreneuriales nécessaires pour créer le produit et lancer leur société. Mais ce que Mélanie partage avec son ami et camarade de classe de l’époque (depuis devenu son mari ! ), c’est la détermination. Ils font le grand saut et créent une première startup de design appelée Fusion Books. Il s’agissait alors d’une plateforme en ligne facile à utiliser pour concevoir des annuaires de lycée. C’est un premier succès, ce qui leur donne des ailes pour l’étape suivante : Canva.
Faire le bien avec son argent
Canva permet aux utilisateurs de créer gratuitement des conceptions graphiques qu’il s’agisse de messages sur les médias sociaux, de CV ou encore de présentations professionnelles. Le succès est fulgurant. Les dernières estimations de leur fortune fluctuent en fonction du marché, mais elles dépasseraient les 5 milliards de dollars. L’agence Bloomberg, qui a publié ce mois-ci la liste "des personnes et des idées qui ont défini le commerce mondial en 2021", cite Mélanie Perkins en exemple.
Pendant leur collaboration professionnelle, Mélanie Perkins et Cliff Obrecht sont tombés amoureux, ils sont aujourd’hui mariés et continuent de travailler ensemble. Mais ni lui ni elle ne considèrent qu’ils ont amassé une fortune pour eux seuls et ils aimeraient faire autant de bien que possible avec leur argent. "Des milliards et des milliards de dollars, c'est plus que ce dont quelqu'un a besoin dans toute sa vie, loin s'en faut", a-t-elle ainsi déclaré au Sydney Morning Herald. "Nous avons vraiment l'impression que c'est une énorme responsabilité, qui pèse vraiment sur nous, et faire le plus de bien possible est une chose à laquelle nous pensons beaucoup."
Il y a 711 millions de personnes qui vivent dans une extrême pauvreté avec moins de 1,90 dollar par jour.
En plus d’essayer de faire le bien par la façon dont ils gèrent leur entreprise et leurs salariés, le couple prévoit de donner une grande partie de sa fortune aux personnes dans le besoin. Ce qu’ils expliquent sur leur site Web. "Une chose qui nous touche profondément est l’inégalité. Il y a 711 millions de personnes qui vivent dans une extrême pauvreté avec moins de 1,90 dollar par jour, ce qui signifie qu’elles doivent prendre des décisions impossibles entre les besoins humains fondamentaux, pour elles-mêmes et leurs familles".
Bien qu’il existe de nombreuses façons de résoudre ce problème, les cofondateurs de Canva ont décidé de travailler avec l’application GiveDirectly qui permet de faire directement des dons aux personnes dans le besoin, ce qui "permet aux bénéficiaires d'acheter ce dont ils ont besoin et d'avoir une source de revenus cohérente et prévisible." Le programme pilote consistera à distribuer 10 millions de dollars aux personnes dans le besoin en Afrique australe, "en utilisant les paiements mobiles."
Une belle démarche, conforme à l’état d’esprit du célèbre couple d’entrepreneurs. "Cela nous paraît toujours étrange quand les gens se réfèrent à nous en tant que "milliardaires", car nous n'avons jamais eu l'impression que cet argent était le nôtre, nous avons toujours eu l'impression d'en être les purs gardiens", conclut avec grand cœur Mélanie Perkins.