Véritable merveille du monde chrétien, le site de Lalibela, en Éthiopie, est-il menacé de destruction ? Les rebelles tigréens ont repris dimanche 12 décembre le lieu seulement onze jours après que le gouvernement a annoncé s’en être emparé. D’après certains témoignages recueillis par l’AFP, les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont repris Lalibela sans combat. Ces derniers s’étaient déjà emparés une première fois, le 5 août 2021, du site après neuf mois de lutte armée. Le gouvernement continue de son côté de mener une "contre-offensive" pour reprendre du terrain aux rebelles, qu’il combat depuis plus d'un an dans le nord de l’Éthiopie.
Un site qui remonte au XIIIe siècle
C’est en novembre 2020 que la guerre a éclaté en Éthiopie après que le Premier ministre, Abiy Ahmed, a envoyé l’armée dans la région du Tigré afin d’y destituer les autorités locales, issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. En près de treize mois la guerre a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’autres personnes dans des conditions proches de la famine, rapporte l’ONU. Selon l'organisation internationale 9,4 millions de personnes seraient ainsi "en situation critique d’assistance alimentaire".
Depuis le XIIIe siècle, les pèlerins et visiteurs se rendent à Lalibela, petite ville au nord de l’Éthiopie, pour admirer un ensemble architectural spectaculaire situé à 2.630 mètres d’altitude. Onze églises sculptées dans un seul bloc de pierre. En 1520, l’un des tous premiers européens en visite en Éthiopie, le prêtre portugais Francisco Alvaras les décrit. Il se dit ébloui par ces majestueux blocs en forme de croix : "À mon avis, il ne se trouve rien dans le monde de semblable, des églises sculptées avec art dans le rocher vif. Je dois arrêter de parler de ces édifices impressionnants, car je suis certain que beaucoup ne pourront pas me croire et penseront que j’ai exagéré".
L’Éthiopie fait partie de l’un des plus anciens États christianisés au monde. Le pays a adopté la religion chrétienne au IVe siècle grâce au roi Ezana d’Aksoum, converti, selon la légende, par saint Frumence de Tyr, premier évêque d’Aksoum. Au XIIIe siècle, alors que l’expansion musulmane rend difficile les pèlerinages vers la Terre sainte pour les chrétiens du pays, le roi Gebre Mesqel Lalibela décide de construire une "nouvelle Jérusalem", appelée aujourd’hui la "Jérusalem noire" , et choisi d’édifier son sanctuaire dans une région montagneuse du nord du pays.